Petit chosier - OmphalectomieBrimborions, babioles et bidules
Par Romain T. et Fabrice D.2024-01-04T21:12:15+01:00Fabrice D. Simoninurn:md5:3d5d88daee63672803dd7148eed1c3c4DotclearPilosité faciale, flemmardise et autres histoiresurn:md5:bc000ae3502abb350aeb436f2a34c9fa2023-06-28T19:39:00+02:002023-06-28T19:05:04+02:00RomainTOmphalectomie <p>Je ne me suis pas rasé de près, que ce soit avec un rasoir à main ou électrique, depuis des années. Ce n’est pas que de la paresse, c’est aussi que j’ai la peau sensible qui me conduit facilement à me couper. Oui, même en utilisant un rasoir électrique.</p>
<p>Comme en matière de rasage je ne supporte pas l’imperfection, je me souviens de ma lointaine adolescence où, rasoir à lame ou électrique en main, je repassais et repassais sur mes joues et ma gorge endolories pour traquer le moindre micromètre de poil qui n’aurait pas été coupé. Et la mode vint de la barbe de trois jours, puis de la barbe tout court (enfin plus longue). Période agréable qui n’est pas achevée aujourd’hui, de gain de temps pour messieurs pressés, ou qui ne veulent pas de la contrainte d’avoir à se raser au cordeau.</p>
<p>J’utilise donc comme beaucoup une tondeuse pour me raser. Comme en matière de rasage je ne supporte pas l’imperfection, la tonte est toute une affaire. J’attends une dizaine de jours afin d’avoir de quoi tondre (ça pousse lentement, chez moi). Je m’y mets. Je passe, repasse, inlassablement, j’en ai bien pour dix minutes. Je vérifie tout trois fois, c’est parfait. Je vaque à mes occupations, je vais travailler par exemple, si je me suis rasé un matin. Arrivé au bureau, horreur, je découvre des endroits pas si bien réussis que le reste. Cela occupe mon temps de cerveau disponible pour le reste de la matinée avant que je coure sur l’heure du déjeuner pour revenir à la maison au plus vite peaufiner ce qui doit l’être. Il arrive parfois encore que l’après-midi, au hasard d’un moment de réflexion qui me fait passer la main sur le menton ou un méplat de la joue, je découvre un poil trop long qui a échappé à ma vigilance. Ah, le salaud. Mortification, rectification le soir venu. Pour être bien sûr, le lendemain je repasse un coup de tondeuse partout pour lisser l’ensemble et obtenir un fini parfait. Ma tonte me prend ainsi certainement beaucoup plus de temps que si je me rasais de près… au moins ai-je le plaisir de l’absence d’écorchure ou autre grain de beauté sanguinolent.</p>
<p>Et vous, vos névroses ?</p>Le donurn:md5:8f3a140e81e90150a8b331cce8902fb62018-09-19T19:17:00+02:002018-10-03T20:50:13+02:00RomainTOmphalectomie<p> </p>
<p>Portrait en homme moyen</p> <p>Je ne suis pas particulièrement exemplaire lorsqu’il s’agit de donner.</p>
<p>Je ne donne jamais dans les églises, sauf si un projet de rénovation d’une œuvre ou de l’édifice lui-même me touche, mais cela reste très rare.</p>
<p>Dans les musées londoniens, pour la plupart gratuits, je ne laisse que quelques pièces lorsque l’occasion se présente. Au cours de visites de monuments anglais, dont le prix d’entrée est déjà très élevé en règle générale, je discute toujours avec la personne à la caisse lorsqu’elle propose d’arrondir la somme pour contribuer à l’entretien du monument, lui expliquant que je considere le prix d’entrée assez cher comme ça pour ne pas en rajouter.</p>
<p>Je n’ai que rarement donné à des associations caritatives. J’ai donné quelques années durant, il y a bien longtemps, à la RSPB (Royal Society for the Protection of Birds). J’ai donné deux années de suite au Sidaction, il y a 15 ans, mais n’ai pas poursuivi. Je n’ai jamais fait de bénévolat ou presque, hormis avec mon professeur de mathématiques de terminale, lorsque je l’aidais après les cours à l’occasion de sessions de soutien scolaire pour mes camarades les plus en difficulté, pour préparer le bac.</p>
<p>Je laisse un pourboire au restaurant, lorsque le service a été bon. Je n’en laisse un que rarement chez le coiffeur, et presque jamais lorsque je prends le taxi. (Il faut pour cela que le montant à payer s’y prête, et que la conduite ou la courtoisie du conducteur aient été exceptionnelles.)</p>
<p>Je ne donne jamais d’argent aux mendiants dans la rue, mais il m’est arrivé plusieurs fois de donner mon sandwich et mes desserts de midi à l’un ou à l’autre, avant de revenir à la boulangerie m’acheter rigoureusement la même chose.</p>
<p>Selon l’habitude parentale, je donne des vêtements que je ne mets plus ou restés longtemps dans le placard, passés de mode ou un peu usés, que je mettais pour certains la veille encore, ou qui avec un bon tour de main de couture pourraient vivre encore un peu ou être revendus à bas prix, par et pour des gens qui en ont plus besoin que moi.</p>
<p>Enfin, je donne des livres. Oh, pas par dizaines, hein. J’en revends, certes, mais entre ceux qui ne sont pas repris par les librairies d’occasion et ceux que je veux donner quoiqu’il arrive sans essayer la revente, j’espère toujours de faire quelques heureux, moi qui ai la chance de pouvoir acheter et lire à peu près ce que je veux sans trop regarder mon porte-monnaie.</p>
<p>Ce soir, en revenant de mon travail, je passais près de la boîte à livres de la place Guichard. Je ne sais pas trop pourquoi, je n’avais rien à y déposer et je n’y prends d’habitude jamais aucun ouvrage. Mais une tranche dorée m’a attiré l’œil ; je m’approche un peu, c’était bien un album de la Pléiade. Devant moi quelqu’un fouillait dans l’un des casiers, puis est reparti avec une belle pile, mais sans emporter cet album. Peut-être était-ce lui qui l’avait déposé ? Je ne le saurai jamais et suis donc moi-même reparti avec ce petit livre. C’est un album Diderot (2004).</p>Et maintenant ?urn:md5:137b87fa4c58a8eb8cf9b92a781b63222012-12-16T22:03:00+01:002012-12-16T22:07:17+01:00FabriceDOmphalectomie <p>Quelques milliers de gens ont marché, ce week-end : ils demandaient à pouvoir se marier. D’aucuns le leur refusent, car tant de gens voulant sincèrement se marier, quand tant d’autres y renoncent ou divorcent, car tant de nouveaux mariés, disais-je, affaibliraient l’institution du mariage.</p>
<p>Quelques milliers de gens ont marché, ce week-end : ils demandaient à pouvoir signer au bas d’un parchemin, devant un officier d’état civil, à pouvoir signer disais-je un formulaire mettant l’État au milieu de leur couple. D’aucuns le leur refusent, car donner ce nouveau pouvoir à l’État déstructurerait la société.</p>
<p>Quelques milliers de gens ont marché, ce week-end : ils demandaient à pouvoir offrir à leurs enfants un cadre stable où grandir, où s’épanouir, où jouir de l’amour de leurs parents et, dût cet amour cesser, où n’en pas trop souffrir. D’aucuns le leur refusent, car assurer le bien-être de ces enfants serait contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant.</p>
<p>Et l’on ose dire que la France est le pays de la logique.</p>Communiqué de presqueurn:md5:a2c8b127bb80c98818939f53184cb1dd2012-11-13T23:37:00+01:002012-11-13T23:37:00+01:00FabriceDOmphalectomie <p>Malgré les messages rassurants de l’élite technocratique, les événements dramatiques de ces derniers mois prouvent une fois de plus l’impuissance mortifère des sachants. Loin des propos lénifiants d’autoproclamés spécialistes, ces désastres dont on ne peut encore mesurer l’ampleur ne montrent que trop combien la technologie promue par les <q>experts</q> n’est que trop fragile face aux forces de la Nature.</p>
<p>Les différents lobbies, technologistes et financiers, auront beau faire pour tourner en ridicule notre message, l’évidence et le bon sens sont têtus qui persistent à nous donner raison. De tout temps, l’Homme a été attiré par les contraires : Prométhée, par le feu ; Narcisse, par l’eau : deux désirs funestes. Depuis l’Atlantide, on voit bien que l’Homme, quelqu’égal qu’il se croie des dieux, ne sait pas et ne saura jamais vivre au bord de l’eau.</p>
<p>Nous exigeons en conséquence du gouvernement les mesures indispensables qui s’imposent à lui : <em>primo</em>, l’évacuation et l’abandon immédiats des villes de Marseille, Toulon et la Rochelle ; <em>secundo</em>, la délocalisation de Bordeaux à Auch et de Nantes à Limoges ; <em>tertio</em>, un plan crédible de sortie de l’humidité permettant, à horizon 2020, d’implanter 50% des Français au cœur du Sahara.</p>
<p>L’œil vengeur de nos enfants nous observe et nous oblige.</p>
<p style="text-align:right">Lyon, le 13 novembre 2012.</p>Étrange messageurn:md5:6bba69945578a97f3a8a724ba869a5b82012-03-18T16:31:00+01:002012-03-18T16:40:09+01:00FabriceDOmphalectomie <p>Les éboueurs lyonnais sont en grève, sauf ceux qui ne le sont pas,
car il y a éboueur et éboueur : le Grand Lyon est un gros gâteau dont
certaines miettes sont ramassées par des entreprises privées et les
autres, par une régie publique. À la régie, Lyon et Villeurbanne, aux
entreprises, la périphérie ; mais le Grand Lyon souhaite changer les
parts de l'une et des autres, et c'est le conflit. </p>
<p>Les éboueurs de la régie publique refusent ce qu'ils voient comme une
privatisation d'un service public, d'où grève. Le Grand Lyon, pour
assurer la continuité du service public, a fait appel aux sociétés
privées pour relayer la régie publique. Ce que voyant, les éboueurs
publics ont bloqué les dépôts pour empêcher les éboueurs privés. </p>
<p>Et les poubelles de s'accumuler, sauf celles qui ne s'accumulent pas, car il y a poubelle et poubelle, on l'aura compris.</p>
<p>À service public, entreprise publique, nécessairement ? Je ne me
risquerai pas à répondre, mais les grévistes pensent que oui. C'est
pourquoi, comme on placerait sous coma artificiel un patient menacé, ils
interrompent le service public pour mieux le sauver. L'intention est
louable, mais le résultat est étrange qui voit les poubelles privées
ramassées et les publiques délaissées.</p>Sécheresseurn:md5:0c60f8e1dca8b3a7624a4914a9237a522011-06-19T17:34:00+02:002011-06-19T18:00:29+02:00FabriceDOmphalectomiesécheresse <p>Les blés ont soif, les bêtes ont faim, les hommes ont peur ; mais A. ne comprend pas. Le Rhône coule toujours, la Saône coule toujours, les robinets coulent toujours. Où est le problème ? En quoi cela la concerne-t-elle ? Pourquoi en parle-t-on autant ?</p>
<p> A. comprend tout à fait qu'on parle du moindre fait divers, en revanche. Elle raffole des histoires les plus sordides, des violences les plus sauvages, quand elles se finissent bien : quand les voyous sont exhibés menottes aux poignets, quand ils sont mis au ban de la société, et quand une loi opportune leur assure de ne jamais plus la réintégrer. Les bourgeois peuvent alors dormir du sommeil du juste, qu'ils peuplent de cauchemars où ils fantasment toutes les oppressions qu'ils ne subiront jamais. A. craint l'insécurité et aime la police qu'elle confond avec la justice. Quand le bus qui dessert son bureau passe sous ses fenêtres avant de traverser les banlieues aisées de Lyon, A. va travailler tous les jours en voiture, par peur des agressions.</p>
<p>Mais l'insécurité, ce ne sont que des voyous fantomatiques cachés derrière les piliers des stations de métro comme des loups dans une forêt. Le réchauffement climatique ? les discriminations ? les injustices ? Des foutaises dont on ne parle que trop, pour A. Voilà pourquoi elle ne comprends pas ces histoires de sécheresse.</p>
<p>P., d'un autre côté, connaît toutes les dates et toutes les températures. Il sait l'année où le Rhône a gelé, il se souvient des crues, il commémore les sécheresses. Il pourrait parler du monde paysan qui souffre, des prix du pain, des fruits et des légumes qui vont s'envoler, des famines qui vont s'abattre sur l’Afrique, mais A. serait-elle concernée ? P. trouve finalement ce qui pourrait la toucher :</p>
<blockquote><p><q>Tu verras bien, quand tu ne pourras plus laver ta voiture, comme en soixante-seize.</q></p>
</blockquote>Résumonsurn:md5:7a5518b55f1110f4134fb06daaeb770e2011-04-16T18:05:00+02:002011-04-16T17:08:49+02:00FabriceDOmphalectomienucléaireécologie <p>Nous allons donc abandonner le nucléaire car il cause un accident tous les vingt ans. Nous renonçons aux gaz et aux huiles de schiste car nous avons vu que les américains s'y prenaient mal. Nous voulons bien des éoliennes, mais pas dans notre vallée qu'elle dévisagerait, pas sur nos côtes qu'elles balafreraient, ni trop près de ma maison — il parait qu'elles font un bruit qui rend fou. Nous aimerions bien l'énergie hydraulique si les barrages ne déplaçaient pas villages et marmottes. Nous l'ignorons encore mais le solaire va nous inquiéter : comment va-t-on les recycler, ces panneaux enrichis au sélénium ? Nous nous vautrons dans le pétrole mais la culpabilité et la pénurie à venir nous pèsent.</p>
<p>Un conseil : investir dans une fabrique de bougie. Ah, mais non : et le réchauffement climatique !</p>
<p>Noir, alors.</p>14 juillet 1789 : Rienurn:md5:aeb95d0f00b3abd2c5ba79e67dc6e5292011-02-21T22:03:00+01:002011-02-21T22:24:11+01:00FabriceDOmphalectomie <p>Les continents valent ce qu'ils valent : l'Arabie Saoudite, c'est l'Asie, mais ce n'est pas le Japon ; la Turquie, ce n'est pas l'Europe, mais on voit mal pourquoi. En Europe, même, les contrastes sont frappant. Certains, un peu fous, exigent des ministres exemplaires et refusent la moindre tache ; d'autres gardent leurs vieux politicards, marinés dans les affaires, confits dans les compromissions, trainant de vieilles casseroles, dans lesquels ils font les meilleures magouilles.</p>
<p>À lire ce blog, qu'apprend-on du monde ? Qu'il y a en France bien des sous-préfectures. Hors cela ? Rien.</p>
<p>On pourrait être pessimiste, voir là le déclin d'un vieux pays penché qui ne sait plus faire d'effort qu'autour de son nombril. Mais ces vieux pays en ont déjà tant dit : et le choc des civilisations, et le Sud qui allait se soulever contre le méchant capitalisme, et ces généraux seuls remparts contre l'islamisme... On en a tant lu, des conneries, qu'on hésite à en écrire.</p>
<p>Lisons, plutôt.</p>Si, à quarante ans, tu n'as pas...urn:md5:ec6073e481ad83afa08d3f72f47941892010-09-13T21:12:00+02:002010-09-13T21:10:46+02:00FabriceDOmphalectomiesouvenir d enfancevieux-connisme <p>Sonnez synthétiseurs, résonnez trompettes : pression vérifiée, turbine activée, autopilote enclenché... Quelque part dans la Vallée de la Mort, un rocher de carton-pâte se creuse ; dans un rugissement mécanique, Supercopter décolle, fonce vers l'horizon, se dissout dans la lumière. Tant de technologie m'émerveillait : la cabine était <em>pressurisée</em> ; le gros bouton rouge passait <em>en mode turbo</em> ; un simple commutateur rendait l'hélicoptère complètement <em>furtif</em>. Je riais de ma naïveté passée : astéro-haches, cornofulgure, transmutation... Comment avais-je pu croire à ces bêtises !</p>
<p>Les filles de la classe étaient amoureuses de Stringfellow Hawke que jouait Jan-Michael Vincent. Je lui préférais la trogne de Santini. Je lui suis resté fidèle : dans <cote>Les Septs Mercenaires, j'aperçois à peine Steve McQueen ; dans <cite>New York 1997</cite>, j'ignore presque Kurt Russel torse nu. Mais Ernest Borgnine...</cote></p>
<p>Et puis il y avait Angel, qui me semblait l'incarnation de l'élégance : une limousine blanche dont la porte s'ouvrait, une cane blanche qui touchait le sol, puis un mocassin blanc, et il descendait, tout vêtu de blanc, un bandeau blanc sur l'œil. Je l'admirais tant qu'au collège le frère de Magalie Vidal, qui était plus vieux que nous, m'avait surnommé Blanche Neige et voulait me tabasser. Dans mes cauchemars prompts à virer au rêve, Hawke et Santini volaient (littéralement) à mon secours, tandis que, dans la cour de récréation, Céline et Coline prêtaient main forte à Magalie pour me protéger de ce butor.</p>
<p>Mon admiration pour Angel se heurtait pourtant à une limite : un détail, toujours, le ternissait. Sitôt descendu de voiture, il faisait signe à son escorte, une belle dame en blanc qui conduisait la limousine blanche. Elle ouvrait alors le coffre et en tirait une sorte de petite valise, de la taille d'une batterie de voiture, au sommet de laquelle trônait un combiné téléphonique. (Blanc, le combiné téléphonique.) Et Angel téléphonait à Supercopter.</p>
<p>Ce coup de téléphone, qui souvent pouvait sauver une vie, me le rendait un peu péteux, Angel : ce téléphone blanc, je le trouvais un peu tape-à-l'œil, pour tout dire. Sérieusement, qui de normal peut bien avoir besoin de téléphoner en sortant de voiture ? Était-ce tellement urgent qu'il ne pouvait pas marcher jusqu'à une cabine publique, comme tout le monde ?</p>
<p>Tout ceci m'est revenu en tête tout à l'heure, en raccrochant à la sortie du métro : j'ai trente ans, je n'ai pas de limousine blanche et je ne m'habille plus tout en blanc. Mais je suis, et mon ange est, et tous mes amis sont des péteux. Comme Angel.</p>Commission moi-mêmeurn:md5:5a59820058bf394ee0748d801bcaf1ec2010-05-13T12:14:00+02:002010-05-13T12:14:00+02:00FabriceDOmphalectomiepolitique <p>Sans penser à mal, je me suis auto-saisi : on ne me demandait rien, je mande, je mande. Je me suis réuni et je me suis concentré, par crainte de me disperser.</p>
<p>Comment résister ? Que de sujets offerts à la curiosité de Bouvard et que de questions à la sagacité de Pécuchet ! Les grands débats colorent les kiosques comme les bonbons d'un confiseur : on leur résiste encore, ils ont gagné d'avance, on leur cède enfin. Sur lequel se jeter ? Cette petite chose écœurante qu'on a barbouillée de rouge, de blanc et de bleu pour nous la faire acheter ? Cette boule puante emballée de noir qu'on n'a sortie d'un tiroir que pour incommoder les voisins ? Non, merci : ces douceurs un peu rances me donnent des aigreurs.</p>
<p>Aux débats électoralistes, préférons les questions électorales : un prochain séjour londonien m'a rappelé un certain proverbe local. <em>When in Rome...</em> Justement, mes hôtes se passionnent soudain pour le scrutin proportionnel. Plus qu'un débat, c'est pour eux une affection chronique, une allergie bénigne, un eczéma paisible : les crises surviennent tous les cinq à quinze ans, suite à l'exposition à un scrutin uninominal à un tour. Lorsqu'un proche se gratte, comment ne pas être démangé ?</p>
<p>C'est pourquoi, disais-je, je me suis auto-saisi. (Tout ceci n'était que l'introduction : annonçons enfin le propos, bâclons le développement, concluons rapidement.) Je me suis installé en commission, je me suis constitué en assemblée, bref je me suis appliqué la formule réglementaire appropriée : désigné président de la Commission moi-même, comme d'autres auparavant, je me suis chargé de réfléchir aux élections françaises. Afin d'éviter le reproche d'un manque d'ancrage dans un terroir fantasmé, la Commission s'est doublement saoulée avant d'entamer ses travaux : au Sancerre blanc, pour le terroir, et à la bière, pour l'ancrage. </p>
<p>Posons les deux extrêmes.</p>
<p>Le scrutin uninominal à un tour a le mérite de la clarté, comme la roulette russe : un candidat en réchappe, très légitime, très investi. On lui tape dans le dos entre le poissonnier et le primeur ; on lui dit qu'on a voté pour lui en lui serrant la main ; la larme à l'œil, on le regarde partir vers le boucher : c'est un bon petit gars du pays, derrière sa cravate, un gars comme nous. C'est son nom qu'il y avait sur le bulletin, c'est son nom qui l'a emporté. Les vaincus sont éliminés, sans chance de négociation, sans chance de compromis. C'est violent, expéditif et propre. Et, par conséquent, injuste : le premier peut l'emporter sur les suivants, quand la masse des perdants aurait suffi à écraser le vainqueur. Additionnez les circonscriptions, vous multiplierez l'injustice.</p>
<p>Pour la justice, préférez la proportionnelle : c'est l'héritière du forum antique. Le Parlement comme émanation de la Nation : un homme, une voix. Et toutes les voix comptent : les minorités sont enfin écoutées, les vertes comme les rouges, et les brunes aussi. Si la démographie ne l'empêchait pas, on pourrait envisager la démocratie parfaite. Un homme, une voix ? Un homme, un élu ! Ce serait, excusez le gallicisme, la chianlie : les petits accommodements, les contreparties, le consensus mou, le conservatisme, l'arrêt.</p>
<p>Un gras notable s'endort au milieu d'un matelas trop meuble : une certaine rondeur, une certaine mollesse, que mon esprit et mon ventre se partagent, me poussent souvent à l'entre-deux.</p>
<p> Faisons exception et écartons rapidement une solution médiane. Le vote proportionnel avec prime au gagnant ? Un optimal illusoire : les minorités sont représentées, certes, mais n'ont aucun pouvoir ; des majorités se dégagent, certes, mais insuffisantes pour éviter les marchandages. Les seuls gagnants sont les micro-partis qui aboient fort mais ne veulent pas mordre : un foulard rouge, une chemise brune, cela vous décore une assemblée, cela fait pittoresque, cela met un peu de vie. <q>Il n'y a qu'à... il n'y a qu'à...</q> hurlent-ils du banc du fond, près du radiateur : ils sont bien au chaud, à l'abri du gros temps, et n'ont rien à faire que vociférer. <q>Il n'y a qu'à...</q> Pas de vice-présidence, pas de responsabilité, rien : ils voudraient bien mais ne peuvent point, disent-ils à leurs électeurs. Ce qu'ils peuvent, cependant, c'est discrètement passer à la caisse et monnayer leurs voix. Les plus intransigeants se contentent de nuire. L'électeur se croit représenté comme le sauvage se croit riche : ils admirent le brillant de ces babioles colorées qu'on leur a accordées sans voir qu'elles ne sont que de verre.</p>
<p>Puisque rien ne va, la Commission peut exposer ses préconisations. C'est ce que produisent les Commissions, comme les huîtres des perles : de petites choses jolies quoique inutiles, qu'on exhibera un temps avant de les remettre au coffre pour ne pas les user. Quelle liberté ! On peut préconiser sans craindre l'erreur, avec la certitude que rien n'aura la moindre conséquence. <q>Il n'y a qu'à...</q> Préconisons, donc, le cœur léger. Préconisons, donc, sans plus attendre.</p>
<p>Attendu que le peuple demande à être entendu, à être consulté, à être représenté ; attendu que l'Assemblée Nationale devrait être l'émanation de la Nation ou, mieux, son miroir ; attendu que l'absence de soudards chauvins, de révolutionnaires impuissants et de gentils admirateurs des pires totalitaires, bref, que l'absence de certains partis gâche la ressemblance ; attendu que la Constitution accorde au Sénat et non à l'Assemblée Nationale le rôle de représenter les territoires ; attendu que l'élection des députés par circonscription encourage ceux-ci à renforcer leur ancrage local d'un mandat de maire qui les distrait de leur œuvre législative ; la Commission moi-même préconise que les députés soient désormais élus à la proportionnelle intégrale, sur des listes nationales, avec interdiction d'exercer en parallèle tout mandat local ou européen.</p>
<p>Attendu que la République a tout de même besoin d'être gouvernée ; attendu qu'une Assemblée Nationale élue à la proportionnelle serait instable et oscillante ; attendu que le mode d'élection actuel des sénateurs rend l'évolution de la Chambre Haute lente et mesurée ; attendu que le Sénat pèse comme le pied d'un culbuto ; attendu que les députés-maires répugneraient à lâcher leur ville comme la moule son rocher ; attendu qu'une transmutation massive de députés-maires en sénateurs-maires permettrait d'abaisser rapidement l'âge moyen des députés ; attendu que la démocratie aime le brassage et le renouvellement des élites ; la Commission moi-même préconise que les sénateurs continuent d'être élus comme ils le sont aujourd'hui, continuent d'être au Palais Bourbon et à l'Hôtel de Ville, continuent de vieillir et de peser.</p>
<p>Tant de lignes pour arriver à deux préconisations si mineures ? Certes, mais auraient-elles été plus majeures ou plus nombreuses qu'elles auraient aussi peu compté. Pourquoi, alors, se fouler ? Supportez cependant quelques mots de plus : une conclusion en forme d'ouverture.</p>
<p>Partie des élections britanniques, la Commission moi-même a pu réformer, modestement et inutilement, les élections françaises. À croire que nos ressemblances peuvent l'emporter sur nos spécificités, celles-ci n'étant que contingentes quand celles-là seraient plus essentielles. Pour résumer d'une formule : à différentes nations, identité de préoccupations. Sans doute y aurait-il une morale à tirer.</p>Le haricot vert est-il une couche lavable ?urn:md5:72364116582273d5f13ba71ef4966b962010-02-22T22:37:00+01:002010-02-22T22:38:03+01:00FabriceDOmphalectomieboboisationégologie <p>L'idéal, évidemment, serait de réfléchir avant d'écrire ; mais réfléchir a posteriori n'est certainement pas le pire des pis-aller. Commençons donc par un battage de coulpe en règle : mon billet précédent est doublement coupable.</p>
<p> Et d'un, je me suis clairement laissé aller au bobo-centrisme. La pomme était si belle que je l'ai croquée sans plus m'inquiéter : l'occasion jubilatoire de rechercher et de citer des termes un peu rares ; le parallèle tentant entre la pauvreté du vocabulaire du <em lng="en">fast-food</em> et l'immédiateté de cette nourriture, le labeur de la cuisine traditionnelle et le bouillonnement du dictionnaire ; le besoin d'un retour à la terre, d'un retour aux racines pour un jeune citadin d'origine rurale. Tout y était. Le résultat ? Il faut équeuter les haricots pour éviter la barbarie. Faiblard.</p>
<p>Comment ne pas discuter, au moins, de ce que l'effilage des haricots peut apparaître comme un luxe ? Pour n'avoir pas eu dernièrement à me poser la question, il me semble bien avoir lu que les fruits et légumes frais n'étaient plus à la portée des foyers les plus modestes. Mettons que cette objection m'ait été masquée par mes préjugés de classe (appelons cela comme cela), il y en avait une autre, bien plus proche de mon quotidien, que je suis impardonnable de n'avoir pas vue : l'équeutage des haricots est un loisir pour celui qui rentre raisonnablement frais d'une journée raisonnablement courte d'un travail raisonnablement épanouissant, pour celui sur lequel ne pèsent pas d'autres tâches ménagères que cet équeutage librement choisi, pour celui que l'urgence des attentes d'un conjoint amorphe ou d'enfants braillards ne contraint pas. N'est-ce pas un luxe exceptionnel d'avoir pour loisir ce qui, si facilement, pour d'autres, serait une corvée ?</p>
<p>On touche à ma deuxième faute : j'ai raté une occasion de parler d'Élisabeth Badinter. Elle est au centre d'une petite polémique pour avoir opposé <q>écologie radicale</q> et émancipation de la femme. Son argument : l'écologie fait le lit du naturalisme et, revenant sur les acquis du XX<sup style="">e</sup> siècle, tend à réduire la femme à la maternité. (Je résume d'après la presse, car j'avoue ne pas avoir lu <cite><a hreflang="fr" href="http://www.decitre.fr/livres/Le-conflit.aspx/9782081231443">Le Conflit</a></cite>.) L'exemple qui circule est celui des couches lavables et de l'allaitement naturel qui, de bonnes pratiques environnementales, deviennent des impératifs moraux puis des corvées auxquelles la femme se doit de se plier pour être une bonne mère, c'est-à-dire une bonne femme.</p>
<p>On reproche à Mme Badinter d'ignorer les nuances du mouvement écologiste et de considérer Mmes Kosciusko-Morizet ou Duflot comme des écologistes radicales. (Je peux gagner, à ce jeux-là : si ces dames sont radicales, j'ai parmi mes amis de véritables extrémistes.) Une radicalité aussi consensuelle peut certes faire sourire, mais ce serait passer à côté de la question.</p>
<p> Si l'on s'éloigne un instant du féminisme, auquel je ne peux guère apporter et que Mme Badinter défend très bien sans mon aide, on voit assez bien la ressemblance entre la couche lavable et le haricot. Deux pratiques, marginalisées par le progrès technique, que l'on promeut soudain au nom de la nature (ou, plus marginalement, de la lexicographie), en faisant fi de la contrainte, de l'asservissement qu'elles peuvent engendrer. Deux impératifs qui viennent rogner la liberté des plus faibles, discrètement, au nom d'une cause indiscutable devant laquelle tout doit s'effacer.</p>
<p>N'y a-t-il pas une voie moyenne entre la Cause des uns et la Liberté des autres ? Ou, formulé autrement, suis-je vraiment tenu d'adhérer à une AMAP, de rencontrer des paysans et de renoncer à choisir les haricots que j'effile ou que j'équeute ?</p>Tensions internationnalesurn:md5:341bb5e21d57fc2e47782f77e4bdb1ce2007-03-04T10:21:00+01:002007-03-04T10:23:03+01:00FabriceDOmphalectomieEt la marmotte, etc.<br /> <p>On fait tout un foin de la faune de Madagascar ou de l'Australie : ce n'est que lémuriens et marsupiaux, on s'extasie devant le kangourou, on s'attendrit devant le koala. Admettons. Mais la Suisse, alors ? C'est la patrie du coucou qui fait coucou, des vaches mauves et des marmottes qui travaillent en usine ; rien que pour cela, la Suisse mériterait un intérêt tout zoologique. Mais s'il n'y avait que cela !</p>
<p>J'apprends à l'instant (via <a hreflang="fr" href="http://allegro-vivace.hautetfort.com/archive/2007/03/03/c-est-la-guerre.html">Allegro-Vivace</a>) que la Confédération Helvétique a envahi le Liechtenstein. Légèrement et par inadvertance, certes, mais tout de même. Le journaliste du <a hreflang="fr" href="http://www.guardian.co.uk/international/story/0,,2025383,00.html">Guardian</a> qui reporte cela en semble abasourdi :</p>
<blockquote><p>The Swiss army is not renowned for its aggressive expeditionary
adventures - but it does appear to have accidentally invaded
Liechtenstein.</p>
</blockquote>
<p>Les habitants d'Evian doivent-ils commencer à rationner l'eau, à faire des réserves de sucre, à dresser des miradors sur les plages du lac Léman ? La France doit-elle avoir peur ? Doit-on ressortir Roger Gicquel ? On n'en est pas encore là : l'armée Suisse semble avoir encore quelques problèmes de méthode à résoudre :</p>
<blockquote><p>As well as the obligatory Swiss army knives, the troops were armed with
assault rifles - however, they had no ammunition, Mr Reist said.</p></blockquote>
<p>Mais n'est-ce pas qu'une question de temps ?...</p>La métrosexualité, ce douloureux problèmeurn:md5:672ee5a955a8675a26622d66e68787a72007-01-12T20:41:00+01:002007-01-12T20:46:31+01:00FabriceDOmphalectomie<p>(Saynète guillerette.)</p> <p>La scène se passe dans un bureau quelconque. Deux collègues se font face : d'un côté, un blondinet charmant, la vingtaine imberbe, l'œil bleu et le sourire délicat ; de l'autre, un quinquagénaire breton, élégant et pince-sans-rire. Dans un coin de la pièce, caché derrière un ordinateur, le blogueur prend frénétiquement des notes.</p>
<blockquote>
<dl style="margin-left: 1em;">
<dt style="margin-left: -1em;">Le blondinet <em>(soudainement préoccupé)</em> :</dt><dd>Je porte les chemises de ma copine.</dd>
<dt style="margin-left: -1em;">Le breton :</dt><dd>Bah, c'est unisexe, ces choses-là.</dd>
<dt style="margin-left: -1em;">Le blondinet :</dt><dd>Au lycée, elle ne portait que des vêtements d'homme. Ça lui a passé.</dd>
<dt style="margin-left: -1em;">Le breton :</dt><dd>Tu l'as fait rentrer dans le droit chemin.</dd>
<dt style="margin-left: -1em;">Le blondinet :</dt><dd>Avec la virilité que je dégage, elle était un peu obligée... On risquait de nous confondre...</dd>
</dl>
<p><em>(Un silence.)</em></p>
<dl style="margin-left: 1em;">
<dt style="margin-left: -1em;">Le blondinet :</dt><dd>De mon côté, je me suis mis aux pompes.</dd>
</dl>
<p><em>(Il fait quelques pompes au milieu du bureau. Se relève.)</em></p>
<dl style="margin-left: 1em;">
<dt style="margin-left: -1em;">Le blondinet :</dt><dd>La différence n'est pas flagrante, hein ?</dd>
</dl>
</blockquote>
<p>Dans son coin, le blogueur trouve que si. Et essaie de reprendre le travail.</p>Politique ludiqueurn:md5:460bba16688628e10c0e17e78c81e58f2006-02-27T21:25:16+00:002012-12-10T21:00:55+00:00FabriceDOmphalectomieÇa s'appelle jouer au con. <p>Je vais essayer de résumer la situation.</p>
<p>Ça se passe aux États-Unis, en <a href="http://ohio.gov/" hreflang="en">Ohio</a>. L'Ohio, pour le Lecteur qui douterait, est l'état situé à l'est de l'<a href="http://www.in.gov/" hreflang="en">Indiana</a> ; sa capitale est notoirement Columbus ; sa population, majoritairement Républicaine. Un état conservateur, donc.</p>
<p><a href="http://www.senate.state.oh.us/senators/bios/sd_33.html" hreflang="en">Robert Hagan</a> y est sénateur de <a href="http://www.youngstowncvb.com/" hreflang="en">Yougstown</a>. Et ce brave homme fait parler de lui, ces jours-ci : ici, notamment, mais pas seulement. C'est qu'il travaille à une loi visant à interdire l'adoption à une partie de la population au prétexte que les enfants adoptés risqueraient de développer des <q>problèmes émotionnels, des stigmates sociaux, des egos exagérés et un manque alarmant de tolérence pour ceux qu'ils jugent différents d'eux-mêmes.</q></p>
<p>Les personnes visées ne sont pas amusées : Robert Hagen entend interdire l'adoption... <a href="http://www.ohio.com/mld/beaconjournal/13950130.htm" hreflang="en">aux Républicains</a>.</p>
<p style="font-size:smaller">(Trouvé sur <a href="http://www.tpmcafe.com/" hreflang="en">TPM Café</a>.)</p>Plume acideurn:md5:b37c90afea18e82457999314300aaf102006-01-11T22:40:13+00:002012-12-10T21:00:57+00:00FabriceDOmphalectomiePour bloguer vite : copier-coller. <blockquote><p><q>Que la France décline, [Philippe de Villiers] en est persuadé. Pire même, pour lui, elle sombre. Le catalogue impressionnant qu'il a énuméré ce matin témoigne de sa vision : noire, pessimiste, catastrophiste. Non seulement tout fout le camp, le déclin puissance dix, mais en plus quelque chose le remplace, quelque chose de choquant pour nos consciences françaises, quelque chose qu'il a nommé ainsi [...] : la France est 'un pays qui sort de l'histoire. Un pays qui se laisse islamiser doucement, tranquillement, progressivement sans qu'aucune autorité ne pose le problème du communautarisme.'</q></p>
<p>[...]</p>
<p><q>Mais ces pensées, les pensées de Philippe de Villiers, sont-elles sincères ? Vraiment, tout est-il à ce point irrémédiablement perdu ? Non, bien sûr, il reste une solution, et nous savons tous laquelle : le vote, en 2007, pour le héraut de la renaissance, pour le seul homme, le grand homme, qui voit clair et qui peut, par son talent et son courage, renverser le cours de l'histoire et restituer à la France la part d'éternité qu'elle est en train de perdre.</q></p>
<p><q>Il y a mille façons de terminer un papier de journaliste. Celle ci, parce qu'elle sera brève : il y a une telle distance entre le diagnostic et la solution, un tel gouffre entre le constat et le remède qu'en la circonstance, la France parait davantage menacée par le ridicule que par le déclin.</q></p>
<p style="font-size:smaller"><a href="http://blog.rtl.fr/rtl-aphatie" hreflang="fr">Jean-Michel Aphatie</a>, billet du 11 janvier 2006.</p>
</blockquote>Le Monde et l'Etherurn:md5:3d96c6636b2bc1c02d5ce3208d7615482006-01-03T23:22:50+00:002012-12-10T21:00:57+00:00FabriceDOmphalectomieDans le même bateau. <p>Jean-Marie Colombani et moi avons les mêmes problèmes - exactement les mêmes.</p>
<p>Lui comme moi, moi comme lui, l'un et l'autre, nous ne cherchons qu'à satisfaire nos lecteurs et, aussi, à les conserver. Nous voulons leur apporter le plus possible, le plus souvent possible. Donc, nous voulons le surprendre mais, attention ! sans le brusquer. Le changement dans la continuité. Voilà nos problèmes, à Jean-Marie et moi. Pour être franc, il en a un de plus que moi : il s'est brouillé avec Edwy Plenel ; moi, pas. La seule différence, vous dis-je.</p>
<p>Face à cela, quelle réponse ? La photographie.</p>
<p>Seulement, voyez-vous, la photographie...</p>
<p>Pour tout vous dire, la photographie, j'en rêve depuis <a href="http://www.petitchosier.fr/blog/index.php?2005/05/19/143-le-bonheur-detre-grand-pere">ce vieux monsieur et son canari</a>. Alors, pour Noël, j'ai craqué, j'ai fait une folie. Je me suis fait offrir un appareil photo, un de ces gadgets argentés que tout le monde semble avoir désormais. Et, comme tout le monde désormais, je fais chier mon monde (pardonnez l'expression) en société à vouloir tirer le portrait de tout ce qui bouge ; dans la rue, je suis le parfait touriste ; chez moi, je m'essaie à la nature morte. Quelle déchéance. Il va sans dire que, pour l'instant, je n'ai pas fait une photo valable. Mais considérons que je m'entraine, en l'attente du prochain vieux monsieur canariphore.</p>
<p>C'est la que les choses se compliquent. Car, voyez-vous, la photographie...</p>
<p>Je ne veux pas d'une photo décorative, juste pour faire joli, juste pour égayer le blog. Je veux d'une photo qui fasse sens, comme l'on dit pédemment. (On, c'est Eric Fottorino, <a href="http://www.lemonde.fr/" hreflang="fr">du Monde</a>.) Mais alors... Restons sur l'exemple de mon vieil aviphile : si je l'avais pris en photo et vous l'avais montré, mon texte aurait été de trop - veux-je tomber dans le photo-blog ? Je n'en ai pas le talent. Alors, quoi ? D'un côté, le risque de la photo inutile ; de l'autre, le risque du texte rendu superflu. Entre les deux : le blogueur, perplexe.</p>
<p>Dans l'immédiat, la meilleure manière d'utiliser mon nouveau jouet est peut-être de ne pas l'utiliser. Ou bien uniquement en cachette, en solitaire, sans vous en rien montrer.</p>
<p>À moins que, l'expérience aidant, j'apprenne rapidement à me laisser aller à me faire plaisir sans <a href="http://www.petitchosier.fr/blog/index.php?2004/12/10/1-jaime-pas-les-blogs">me sentir obligé</a> <a href="http://www.petitchosier.fr/blog/index.php?2004/12/21/8-glitter-and-be-gay">de me complaire</a> <a href="http://www.petitchosier.fr/blog/index.php?2005/03/11/89-un-peu-de-franchise">dans les affres</a> <a href="http://www.petitchosier.fr/blog/index.php?2005/03/15/92-patatophile">de l'intellectualisation</a> <a href="http://www.petitchosier.fr/blog/index.php?2005/03/16/94-label-rouge">culpabilisante</a>, <a href="http://www.petitchosier.fr/blog/index.php?2005/05/06/130-silence-assourdissant">narcissique</a> <a href="http://www.petitchosier.fr/blog/index.php?2005/08/31/198-blog-day">et ventilatoire</a>.</p>
<p>Qui lira verra.</p>Vertiges de l'amitiéurn:md5:d1b47fe1152fe9c3e5ccd2a25debf0bb2005-11-28T21:16:37+00:002012-12-10T21:00:57+00:00FabriceDOmphalectomieJe n'y comprends que pouic. <p>Le cœur a ses raisons, dit le philosophe, que la raison ne connait point.</p>
<p>Plus qu'une citation, c'est un cliché ; on commence ses billets comme on peut. Difficilement, en l'occurence : car c'est un cliché inapproprié. L'amour, on n'y comprend rien, c'est connu. On s'y attend, on en fait des films, c'est merveilleux. L'homme d'affaire aime la pute, le prince la souillon, le chef comptable la responsable du service ventes. Moi-même, je suis amoureux et je n'y comprends pas grand chose, pour tout dire. Je passe mon temps à m'inquiéter de ce que tout cela est trop beau, à attendre un retour de bâton qui ne vient pas, à m'émerveiller de ce que tout cela soit. Mais, disais-je, tout cela est hors sujet puisque, aujourd'hui, c'est l'amitié qui me préoccupe. Quoique je ne sache pas exactement dans quel organe la physiologie fantasmée des sentiments la place, l'amitié. Je mise sur le thymus et je me lance...</p>
<p>Le thymus aussi a ses raisons que la raison ne connait point. Ma raison, en tout cas.</p>
<p>Comment se fait-il que la seconde personne la plus importante dans ma vie aujourd'hui soit aussi celle que j'insulte le plus abondamment et qui n'hésite pas à me rendre la pareille ? Comment se fait-il que des gens que j'appréciais me soient devenus étrangers, que j'aie pu me rendre insupportable à certains, détestable peut-être ? Comment se fait-il qu'avec certaines personnes trois mois, six mois, un an peuvent n'être que des parenthèses ?</p>
<p>Je n'y comprends rien, vous dis-je.</p>
<p>Je vous ai parlé de cette clique que je ne vois plus guère. Des Clermontois avec lesquels j'ai grandi. Ou, pour rétablir la vérité historique, minci. Bref de ces amis de dix ans qui font partie de ma vie depuis l'adolescence. Je les vois, parfois ; on se perd de vue, longtemps ; on se rejoint, de moins en moins régulièrement. Et ils sont tous là, toujours : ils retrouvent sans difficulté la place réservée pour eux dans mon euh... thymus. Il en est de même de quelques autres. Ceux que j'ai laissés au train hier soir, notamment. Comment expliquez-vous cela, vous ? Serions-nous des âmes-sœurs, des destins unis à jamais sous un ciel étoilé, des correspondances karmiques ? Ou serions-nous chanceux, tout bêtement ? Et, surtout, tout ceci durera-t-il ? Je vous dis, je n'y comprends rien.</p>
<p>Il y a, dans <cite>Art</cite>, une phrase terrible : <q>On ne devrait pas perdre ses amis de vue, sinon ils vous échappent.</q> Je ne sais pas si c'est lui qui a manqué de vigilance ou moi qui n'ai pas été suffisamment attentif, mais un ami et moi venons de nous perdre. Ou, pour jouer un peu sur les mots, nous avons laissé échapper notre amitié qui s'est brisée. Pas avec éclat, d'ailleurs. Tranquillement, dans le murmure étouffé de l'épave qui s'enfonce dans la vase. Nous ne nous comprenons plus. Nous n'en faisons plus l'effort. Depuis quand, d'ailleurs, fallait-il se forcer ? Tout ceci n'a plus d'importance, en fait. Mais, encore une fois, je n'y comprends rien.</p>
<p>Je n'y comprends rien mais cela, du moins, ne m'inquiète pas. Ni le passé ni le présent ne me font trop peur. Mais le futur...</p>
<p>Et si un jour venait l'insulte de trop ? Il y a sans doute une limite quelque part, consentie implicitement - saura-t-on voir un jour si le consensus cesse ? Il m'a blessé, une fois, d'une plaisanterie brillante. Je n'allais pas bien, ce jour-là, je le savais : j'ai su reconnaître que la blessure était largement autoinfligée. Mais la prochaine fois ? Ou si c'était moi, un jour, qui insultais quand je devrais consoler, ou écouter, ou sympathiser ? Et l'on voudrait que je ne sois pas stressé ! Je vais continuer d'insulter, cependant - que vaudrait la vie si l'on se privait de se comporter en connard avec les râclures ? Je vais continuer d'insulter en cherchant après chaque crachat de venin à croiser le regard de mon meilleur ennemi. Dans la peur d'y voir un jour plus de peine que de joie.</p>
<p>De pareilles pensées me brisent le euh... thymus.</p>Embulléurn:md5:e8cb92d347336fa4f1c11071c9075acd2005-11-20T23:31:06+00:002012-12-10T20:56:27+00:00FabriceDOmphalectomieOù il n'est pourtant pas question des correspondances papales. <p>On se doute bien qu'on vit dans une bulle.</p>
<p>On ne fréquente, quotidiennement, que ses collègues, encore et encore. On ne rencontre guère que de nouveaux collègues, ou les conjoints de nos collègues, ou des amis à eux. On sait que nos amis d'enfance ne sont pas franchement représentatifs de la population française. Des ingénieurs, des agrégés, des professeurs, des vétérinaires... Très CSP+, tout ça. Et les derniers amis en date échouent le plus souvent à n'être ni pédérastes ni ingénieurs. La famille, heureusement, apporte un peu de diversité. Le petit frère en voie de devenir camionneur, la cousine Cindy qui est coiffeuse, le cousin David qui est bûcheron. (Je caricature un peu.) Seulement, on ne les voit que rarement.</p>
<p>Bref, on vit dans une bulle aux reflets changeants de Silicon Valley du pauvre et de Marais de province. Et on en est bien conscient.</p>
<p>Pourtant, on se croit français. On croit, plus exactement, être en phase avec la société française. À notre manière. Le gros de la nation suit les <em>événements</em> au JT de TF1 ; on suit les dépêches AFP sur <a href="http://www.lemonde.fr/" hreflang="fr">lemonde.fr</a> ; mais on tremble mêmement. Du moins le croit-on. On pense avoir des préoccupations de Monsieur Tout-le-monde - mieux, on pense parfois <em>être</em> Monsieur Tout-le-monde. Métro, boulot, dodo. La vraie vie, comme ils disent à la télévision.</p>
<p>On vit dans ces illusions.</p>
<p>Et, soudain, tombent les chiffres de sondages : 60% des Français ont une opinion favorable de Nicolas Sarkozy. Et l'on se sent étrangement seul, dans cette jolie bulle.</p>Prise de positionurn:md5:b83185e807fce7bf140c0743502453582005-10-18T21:48:53+00:002012-12-10T20:56:27+00:00FabriceDOmphalectomieRien à voir avec le Kama-Sutra, cependant. <p>Notre époque m'inquiète ; le futur me semble sombre ; je contemple devant moi le gouffre où se précipitent les réactionnaires. Heureusement, j'ai le passé en horreur, cela seul me sauve. Il s'en faudrait pourtant de peu. Une fascination pour l'Antiquité, une passion pour François Ier et sa cour, un intérêt soudain pour les Présidents de la IIIème République. Ce sont des choses qui arrivent : les hommes politiques avaient de belles moustaches et de belles barbes, alors, tandis qu'ils ont aujourd'hui de belles calvities. Je ne sais rien de la mode capillaire de la IVème République et <em>je prends grand soin</em> de ne pas m'y intéresser. Car (notez la cohérence) je contemple devant moi le gouffre de la réaction ; le futur s'assombrit ; je suis inquiet.</p>
<p>Pourquoi, me demanderez-vous, suis-je inquiet ? Parce que je ne retrouve pas mon chéquier alors qu'il y a la taxe d'habitation à payer.</p>
<p>Mais pas uniquement.</p>
<p>Je suis inquiet à cause de Google Print, de Wikipedia et, contre toute attente, à cause du <abbr title="Conseil Supérieur des Bibliothèques">CSB</abbr>. Car <a href="http://vagabondages.blogspot.com/2005/10/dclaration-en-faveur-du-conseil.html" hreflang="fr">j'apprends à l'instant</a> que les Ministères de l'Éducation nationale et de la Culture ont décidé de dissoudre le <abbr>CSB</abbr>. Et que les bibliothécaires se rebellent contre cette décision.</p>
<p>En général, quand on apprend la disparition imminente d'un sigle qu'on ne connaissait pas, on n'est que très modérément ému. Et quand on apprend que les bibliothécaires organisent la résistance, il est dur de s'empêcher de sourire. On imagine des hordes de messieurs efféminés et de vieilles demoiselles au chignon poudré manifestant tampon dateur au poing. On imagine les occupations de bibliothéques, les collègues tempérant les hurlements des activistes : <q>NON À LA DISSOLUTION - <strong>CHUT !</strong> - <span style="font-size:xx-small">du <abbr>CSB</abbr> !</span></q> On imagine la grève terrible, les piles de livres qui attendent d'être remis en rayon, la classification Dewey vaincue par l'entropie. On imagine tout cela ; et on sourit.</p>
<p>On sourit et on a tort. Grandement tort.</p>
<p>Parce qu'on aurait tort de se moquer d'une mobilisation de bibliothécaires, d'abord. On devrait plutôt en prendre de la graine. Tandis que les hommes politiques américains de tout bord, assomés par le fracas des tours qui tombent, laissaient Bush rogner les libertés des Américains au prétexte d'assurer leur sécurité, les bibliothécaires étaient les premiers à se souvenir de Benjamin Franklin : <q lang="en">They who would give up an essential liberty for temporary security, deserve neither liberty or security.</q> Alors que certains se prennent à rêver d'un <i lang="en">Patrioct Act</i> à la française, la capacité d'indignation des bibliothécaires est une vertu qu'on devrait admirer.</p>
<p>Parce qu'il y a Google print et Wikipedia, ensuite : je m'inquiète autant de voir le génie humain entre les mains d'une entreprise privée que de le voir dissout dans l'anonymat et l'irresponsabilité.</p>
<p>Google print a suffisamment mauvaise presse pour que je ne m'attarde pas sur lui. Je dirai seulement que ce ne sont pas les questions de droit qui me tarabustent, plutôt une question de pouvoir. Que la somme de tous les savoirs, de toutes les pensées, de toutes les œuvres de l'Homme passe des bibliothèques à une entreprise commerciale me gêne. Car c'est de cela qu'il s'agit : l'information est là où on la trouve ; si Google vous donne accès à tel texte rare plus vite que la <abbr name="Bibliothèque Nationale de France">BNF</abbr>, alors ce texte est chez Google et non plus à la <abbr>BNF</abbr>. Ce qui est problématique.</p>
<p>À l'opposé, Wikipedia est à la mode. Et m'inquiète pourtant autant. Wikipedia est l'aboutissement du Web, en un sens : la source parfaite d'information, ou l'information circule librement, sans friction et sans heurt. Wikipedia devrait s'autoréguler, comme le marché des libéraux, justement par l'absence de règle : chacun peut corriger les erreurs qu'il croise, on tendrait vers la vérité, vers l'objectivité. Sauf que l'objectivité n'est pas la moyenne anonymisée des subjectivités. Et, d'ailleurs, que l'objectivité n'est pas gage de vérité la plupart du temps. Wikipedia zigzague entre deux abîmes : le risque de l'article orienté (car écrit par quelqu'un de partial - et qui ne l'est pas ? - et jamais amendé) et le risque aussi grand de l'article neutre (par réduction à un consensus mou). Dans tous les cas, l'anonymat du ou des auteurs donne l'illusion de l'impartialité et la quantité des articles donne l'impression de qualité. Mais il est tard et j'échoue à être clair - Schneiderman faisait mieux l'autre jour dans Libération. Je reviendrai un jour là-dessus, peut-être.</p>
<p>Résumons, à défaut d'expliquer : le texte anonyme me dérange. Je préfère une erreur signée à un fait anonyme.</p>
<p>Et le lieu du texte assumé par son auteur, c'est par essence la bibliothèque. Avec le bibliothécaire pour gardien. Attention, bibliothécaire méchant. Vialatte citait souvent un brave homme qui voulait que l'on protégeât le tigre. Il avait raison, il faut protéger les animaux féroces.</p>
<p>Corollaires : il faut protéger le bibliothécaire, il faut protéger le <abbr>CSB</abbr>.</p>Digressionurn:md5:5d64a908a25932818ce1edf2d4c1ccc22005-10-09T15:10:36+00:002012-12-10T21:00:57+00:00FabriceDOmphalectomieGression. <p>À bien y regarder, dès que l'on part, la destination n'importe pas : seulement le chemin. C'est vrai des balades comme de la vie. La destination en est connue : elle est plantée de pierres grises et polies gravées de lettres dorées que la pluie efface. Mais que d'aventures, que de rencontres, que d'événements sur le chemin de la maternité au caveau de famille !</p>
<p>Mieux, c'est le détour qui importe, plutôt que le chemin. L'instant où le chemin cesse d'être utilitaire et devient douloureux ou plaisant ; ou absurde ; ou tragique ; tout sauf un chemin. Se perdre dans une forêt obscure, marcher dans un parc au côté de son amant. C'est cela qui importe, c'est cela qu'on retient. (C'est d'ailleurs pour cela que je préfère le marché au supermarché : passer devant huit primeurs pour finalement retourner acheter les patates du premier. Ou du deuxième, à la limite. C'est oublier qu'on doit manger, c'est transcender la trivialité, c'est faire d'un besoin une quête, d'une purée un Saint-Graal.) Le plaisir, l'émotion, la vie naissent et s'épanouissent dès que disparaît la contrainte. Ou, plutôt, lorsqu'on décide de l'ignorer.</p>
<p>Cela est vrai de la flânerie, de la vie, des courses dominicales et d'à peu près tout. Je ne suis pas loin de préférer les préludes à l'orgasme, la cuisine au repas, bref le processus à l'état.</p>
<p>Cela vaut pour l'écriture aussi. D'où ma préférence pour la forme plutôt que pour le fond : peu importe où l'on va, pour peu qu'on y aille bellement.</p>
<p>D'où mon goût pour la digression, aussi. Évidemment : dire ce que l'on a à dire, quel ennui ! On sait ce que l'on doit dire, le lecteur sait ce qu'il va lire, la dissertation est un plaisir de vieux couple où chacun retrouve les habitudes de l'autre, où chacun joue selon les règles consacrées par le temps, où chacun s'irrite des défauts qu'il a notés cent fois. <q>De tout temps l'homme s'est demandé si...</q> Le professeur s'agace, l'élève s'agace de son intransigence, les deux souffrent en silence. Laborieusement, on annonce son plan ; minutieusement, on déroule ses arguments ; finalement, on bâcle sa conclusion. La messe est dite, encore, mais elle n'émeut plus.</p>
<p>Tandis que la digression ! La digression !</p>
<p>Quelle excitation d'écrire sans savoir ce que sera la phrase suivante ! Des surprises permanentes, des découvertes sans cesse. L'Auteur s'amuse de voir ce qui lui passe par la tête : un rythme ternaire qui dégénère en un mauvais jeu de mots, une métaphore filée si loin qu'elle s'effiloche, une pensée étirée jusqu'à ce qu'on voie l'absurde au travers. Quel délice ! Je suis le plus mal placé pour en juger, mais je ne peux m'empêcher de penser que le Lecteur y trouve son compte aussi, au final. Un film est toujours meilleur quand les acteurs prennent plaisir à le faire, cela doit valoir aussi pour certains textes.</p>
<p>Tout ceci pour dire que j'aime les digressions ; que j'ai l'impression de ne jamais si bien écrire que quand je n'ai rien à dire ; et que, pour votre plus grand bonheur ou votre plus infâme déplaisir (à vous de voir), la lecture de Vialatte ne risque pas de changer cet état de fait.</p>