samedi 29 décembre 2018

Le centre de la France : quelques sous-préfectures et assimilées

Celles qu’on peut ne pas voir : Chateau-Chinon, Gueugnon, Melun, Vierzon, Pithiviers.

Celles qu’on peut voir à la rigueur : Digoin, Joigny, Villeneuve-sur-Yonne, Étampes, Saint-Amand-Montrond.

Celles qu’on peut voir : Paray-le-Monial, Autun, Clamecy, Auxerre, Sens, Provins, Issoire, Thiers.

jeudi 20 décembre 2018

Bisque bisque basque !

Le quotidien ou le caractère permet rarement d’agir en héros ; toutefois, il est tant d’occasions de faire plaisir par de petites attentions que l’on aurait tort de s’en priver. Je ne manque donc jamais de faire remarquer à mes collègues que s’ils sont très élégants vêtus de leur nouveau manteau ou costume, l’habit leur siérait encore mieux s’ils avaient coupé les petits fils de couture restreignant les mouvements de l’étoffe, dans le dos. Et de prendre mes ciseaux, de joindre le geste à la parole, libérant ainsi les basques entravés. Eh oui, c’est cela aussi la magie de Noël.

mardi 4 décembre 2018

Mireille dans la cuisine : pickles et confitures

Ce soir, croquer des cornichons de mon beau-père m’a immédiatement rappelé les pickles de Mireille. Je ne sache pas qu’enfant ma grand-mère confectionnait des pickles, mais un beau jour d’adolescence je decouvris que Mireille en avait fait quelques bocaux. Ils étaient à peu près immangeables, bien trop vinaigrés, mais je les aimais beaucoup pour le coup de fouet qu’ils apporteraient, surtout les petites tomates vertes qui explosaient en acidité après le premier coup de dent. Les cornichons du père de Fabrice ont ce même goût puissant de vinaigre blanc ; je ne sais pas d’où cela provient, les cornichons que fait ma mère sont bien plus fins et subtilement assaisonnés.

Après un tour en Provence, je reviens souvent avec un ou deux pots de confiture. Ma mère s’est mise aux confitures il n’y a pas si longtemps, une quinzaine d’années, après la lecture d’un livre de recettes qui associe le plus souvent un fruit et une herbe ou une épice, ou alors deux fruits, que l’on ne rapprocherait pas toujours. Si elle ne m’en voudra pas de dire qu’elle n’est pas une spécialiste des desserts traditionnels, ses confitures en revanche sont à se damner, merveilles d’équilibre en même temps que de puissance de goût. Je n’en ai jamais mangé qui puissent tenir la comparaison, hormis peut-être chez Troisgros au petit déjeuner, mais je n’en suis même pas sûr. Manger les confitures de ma mère me rappelle souvent le souvenir des confitures de Mireille, dont elles ne sont vraiment pas inspirées. Mireille faisait des tartes excellentes, aux prunes notamment ; il y avait dans le jardin de la maison des Sablons un mirabellier, un reine-claude et deux quetschiers. Mais cela ne suffisait pas : l’été, ces arbres fournissaient beaucoup de fruits et Mireille s’était mis en tête comme pour les pickles, un beau jour, de faire des confitures. Des bocaux par dizaines ont vite rempli les placards, malheureusement Mireille avait un problème de proportions ou de cuisson. J’aimais beaucoup l’overdose proche du coma diabétique à laquelle conduisait l’ingestion de plus de deux cuillers de ses confitures de quetsches, mais nous étions peu nombreux dans ce cas dans la famille.

Par ailleurs, Mireille réussissait parfaitement le cassoulet, le couscous et les tomates farcies.

mardi 27 novembre 2018

Mireille et la musique

Mireille aimait la musique, qui ne prenait pas une place si importante que ça dans sa vie quotidienne. Elle avait deux chefs adulés : Karajan et Giulini. Ses goûts étaient assez restreints et tournaient autour de Mozart, Beethoven, Tchaïkovski et Mahler. Négligemment, au moment de vider la maison familiale, je n’ai récupéré que quelques CD, aucun vinyle ; j’en suis assez triste aujourd’hui, ça aurait fait un beau souvenir.

Les deux filles de Mireille et Guy, ma mère et ma tante, ont chacune fait un peu de musique dans leur jeunesse. Ma mère, du piano. Elle m’a beaucoup joué petit, à ma demande répétée, un rondo inconnu de Hummel que j’aimais bien, autrement elle n’était pas très bonne pianiste. Ma tante a appris le violon. Je ne l’ai entendue qu’une seule fois, elle n’a jamais voulu jouer une fois de plus en ma présence, à mon grand déplaisir d’enfant, arguant de son faible niveau. « Le violon, de deux choses l’une : ou tu joues juste, ou tu joues tzigane. Moi, je joue tzigane ! » (Boby Lapointe) Je ne leur jette pas la pierre, quand je vois mon très mauvais niveau de piano… Ni Guy ni Mireille ne jouait d’un instrument à ma connaissance. Le piano droit familial, sur lequel ma mère a appris à jouer, je l’ai toujours connu transformé en bar, beau meuble étripé de sa table d’harmonie, dans lequel mes grands-parents rangeaient les alcools et leurs beaux verres.

Mireille aimait d’amour les chansons de Jean Ferrat ; elle détestait celles de Brassens, que j’adore. Si vous n’avez pas tout suivi, je glisse simplement pour vous aiguiller qu’il y avait l’intégrale des discours de Jacques Duclos dans la bibliothèque grand-parentale, trois gros volumes verts intimidants (drôlissime lecture, au demeurant, à petite dose ou au troisième degré).

Oh ! grand-mère, nous aurions sûrement eu bien des désaccords musicaux mais j’aurais aimé en causer, au-delà de mes seize ans un peu bêtes.

mardi 6 novembre 2018

Balzac nous affriole

[…] Elle se sauva donc dans sa chambre à coucher, où régnait un effroyable gâchis de meubles qui ne veulent pas être vus, des choses hétérogènes en fait d’élégance, un vrai mardi-gras domestique. L’effronté des Lupeaulx suivit la belle effarée, tant il la trouva piquante dans son déshabillé. Je ne sais quoi d’alléchant tentait le regard : la chair, vue par un hiatus de camisole, semblait mille fois plus attrayante que quand elle se bombait gracieusement depuis la ligne circulaire tracée sur le dos par le surjet de velours, jusqu’aux rondeurs fuyantes du plus joli col de cygne où jamais un amant ait pu poser son baiser avant le bal. Quand l’œil se promène sur une femme parée qui montre une magnifique poitrine, ne croit-on pas voir le dessert monté de quelque beau dîner ; mais le regard qui se coule entre l’étoffe froissée par le sommeil embrasse des coins friands, et s’en régale comme on dévore un fruit volé qui rougit entre deux feuilles sur l’espalier.

Balzac, Les Employés

vendredi 21 septembre 2018

Les minuteurs de Mireille

 

Dans la cuisine, suite.

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mercredi 19 septembre 2018

Le don

 

Portrait en homme moyen

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dimanche 9 septembre 2018

Mireille et Madeleine

Mes grands-parents s’appréciaient et se fréquentaient. Guy aimait le côté rustique et homme de la terre qu’avait conservé Roland, même s’il était venu s’installer à Paris avec Madeleine dès 1949 (Roland avait 28 ans et Madeleine en avait 19), et sa grande culture de la nature, des métiers du bois, du mobilier ; Roland qui adorait la conversation devait savourer la culture encyclopédique de Guy, enfin tous deux avaient des sympathies communistes. Madeleine et Mireille appréciaient chacune la femme forte que l’autre était à ses yeux, les deux l’étaient assurément, dirigeant leur petit monde (et leurs maris surtout) comme bon leur plaisait.

Les deux couples se voyaient en dehors de tout événement qui aurait assuré leur présence simultanée : mariage, enterrement ou fête de famille très élargie ; en particulier, ils ont continué à se rencontrer ponctuellement lors de vacances aux quatre coins de la France, après le divorce de mes parents, ou parfois juste le temps d’un week-end en Bourgogne ou au bord de la Loire, à l’occasion d’un déjeuner dans une auberge de bord de nationale à l’entrée d’une sous-préfecture. Ne croyez pas que je force le cliché, car c’est réellement ainsi qu’ils prenaient plaisir, oh, certes pas tous les quatre matins mais peut-être une fois l’an, à deviser sur les moments et les lieux qu’ils ont pu connaître, la guerre, le Paris des années 1950, la Brie, la Bretagne et la Sologne.

Madeleine a été bien désolée de la mort de Mireille, quand même jeune, elle pensait aussi à Guy qui n’avait pas mérité ça non plus. Je me demande si Madeleine se remémore tout cela aujourd’hui en triant ses papiers et ses photos, dans son bureau, le soir autour de minuit, son heure. J’y pense parce qu’elle doit y être en ce moment-même, à ranger les souvenirs en tas étudiés et en classeurs organisés, commentant à voix basse pour meubler le vide sonore de la pièce. C’est que le temps ne lui n’a laissé que cela ou presque, et pour elle seule.

jeudi 6 septembre 2018

Le cadeau de Mireille

Lorsque j’étais enfant, mes grands-parents ont comme d’autres été mis à contribution pour me garder, en particulier les mercredis où il n’y avait pas classe et à l’occasion de petites vacances scolaires.

Roland m’a laissé jouer très tôt avec ses outils de menuiserie et tapisserie. J’avais peut-être 5 ou 6 ans, je bricolais de petites choses de rien du tout avec des chutes de bois, ses scies, ses râpes et ses ciseaux. Je suis encore stupéfait aujourd’hui de l’inconscience de mon grand-père, et de ne m’être jamais blessé… Chez les grands-parents maternels, quelques années avant, Guy et Mireille s’amusaient de me voir jouer avec leur essoreuse à salade. J’aimais aussi énormément celle qu’on avait chez mes parents, qui était plus grande et avait une qualité supérieure à mes yeux : elle était, comme beaucoup d’objets ménagers en plastique des années 1970, orange. Comme chacun sait, il n’est pas de plus belle couleur.

Mireille et Guy avaient fini par comprendre que mes parents voulaient réserver à la cuisine les ustensiles qui me plaisaient et m’occupaient parfois longtemps. Cela conduisit donc Mireille à m’offrir pour mes trois ans une essoreuse à salade, pour mon seul usage récréatif. Ma mère, qui ne comprit pas ce cadeau pourtant logique, le regardait mi-amusée mi-consternée. L’essoreuse (certes rouge) m’a beaucoup servi.

Post-scriptum. L’essoreuse à salade parentale commençait à prendre de l’âge. Mes parents finirent par utiliser celle que j’avais reçue en cadeau, au désespoir de Mireille. Entre temps j’avais grandi et changé de jeux. 

mardi 28 août 2018

Ladylike sayings

Her daily expressions were no longer, “I wish we had some acquaintance in Bath!” They were changed into, “How glad I am we have met with Mrs. Thorpe!” and she was as eager in promoting the intercourse of the two families, as her young charge and Isabella themselves could be; never satisfied with the day unless she spent the chief of it by the side of Mrs. Thorpe, in what they called conversation, but in which there was scarcely ever any exchange of opinion, and not often any resemblance of subject, for Mrs. Thorpe talked chiefly of her children, and Mrs. Allen of her gowns.

Northanger Abbey, chap. 5, Jane Austen

(Son antienne quotidienne n’était plus « Si seulement nous avions quelques connaissances à Bath ! », elle l’avait remplacée par « Quel plaisir d’avoir rencontré Mrs Thorpe ! », et elle était aussi avide d’encourager les échanges entre les deux familles que sa jeune enfant et Isabella pouvaient l’être ; jamais satisfaite d’une journée à moins qu’elle n’en ait passé l’essentiel aux côtés de Mrs Thorpe, occupées à ce qu’elles appelaient converser, mais il n’y avait dans cette occupation pratiquement jamais échange d’opinions et bien souvent rien qui y ressemblât, car Mrs Thorpe parlait essentiellement de ses enfants et Mrs Allen de ses robes.)

jeudi 2 août 2018

La poire de Mireille

Lorsqu’elle était petite, Mireille a fréquenté un internat de jeunes filles.

La première fois peut-être qu’elle a mangé au réfectoire, le dessert était une poire. Elle ne l’a certes pas croquée à pleines dents, elle a consciencieusement employé les couverts à sa disposition pour la découper en quartiers, mais ne se comporta pas entièrement comme on aurait attendu d’elle.

La surveillante générale, qui passait entre les tables, lui fit remarquer (d’une manière certainement peu amène) qu’elle aurait également dû éplucher la poire avec sa fourchette et son couteau. Elle reçut, pour toute leçon, un zéro de conduite.

Je vous laisse méditer cette saynète cruelle, telle qu’elle a pu se dérouler dans un pensionnat breton au début des années 1940.

mardi 3 juillet 2018

Guy et Mireille

Lorsque Mireille est morte d’une tumeur au cerveau, relativement jeune (69 ans), Guy est resté seul dans la grande maison familiale des Sablons, celle de sa mère Alice, dont ils avaient fini avec Mireille par faire leur résidence. Ils ne travaillaient plus, le petit appartement de Noisy-le-Sec n’avait plus vraiment de raison d’être.

Je n’avais pas bien compris à ce moment-là, je n’avais que 18 ans, à quel point Guy tenait à sa femme. Mon cousin Florian en a peut-être quelques souvenirs, nous avons passé ensemble des petites vacances scolaires avec Guy l’année qui a suivi la mort de Mireille. Le pauvre Guy faisait peine à voir, esseulé, carburant au Ballantine’s au-delà du raisonnable, l’air plus qu’absent. J’ai plusieurs fois fait la cuisine, je ne sais pas si Guy en aurait été capable pour certains repas. Il se laissait mourir doucement. La mort rapprochée de l’époux ou de l’épouse survivant(e) est paraît-il assez fréquente, mais je n’avais rien vu venir à l’époque.

Guy aimait Mireille inconditionnellement, je le savais si peu ! Cette dernière année fut sa mort d’amour.

mercredi 27 juin 2018

Mireille outrée

Mon professeur d’histoire et de géographie de seconde et de première, monsieur Ruetsch, était assez controversé. Je lui rends hommage en passant par le biais de ces quelques lignes. Il avait une vision de l’enseignement assez détachée des contingences du programme, sa méthode reposait sur deux éléments éloignés des manuels scolaires. (Il était attachant, très cérébral, habillé de tenues de cuir plutôt osées. Mais je m’éloigne du sujet…)

Pour commencer, ses cours étaient le lieu de discussions interminables avec ses élèves, sur des thématiques qui dérivaient parfois loin de leur point de départ. L’autre caractéristique de son enseignement était qu’il donnait à lire de nombreux livres pas toujours faciles pour des adolescents de 15-16 ans, ce qui ne manquait jamais de lui attirer les foudres des parents d’élèves. Une grande partie de l’évaluation de l’année reposait sur les fiches de lecture que nous devions rédiger pour chaque ouvrage. J’ai ainsi pu lire la Vie de Jésus de Renan, l’Éssai sur l’inégalité des races humaines de Gobineau, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme de Weber, ou encore l’opus magnum d’Arendt, Les Origines du totalitarisme. Arendt consacre la dernière partie de ce livre colossal à la description méthodique des composantes d’un système totalitaire, et montre notamment pourquoi et comment le stalinisme tout autant que le nazisme relève de ce système. Le livre a été publié en 1951, Staline était donc encore vivant.

Les choses se sont gâtées lorsque, mon dossier terminé, j’eus l’idée de le faire lire à Mireille avant de le donner au professeur. Pour remettre dans le contexte, je dois dire que Guy et Mireille étaient sympathisants communistes ; que le père de Mireille, résistant, avait été fusillé au mont Valérien. Je vous laisse imaginer ce qu’a pu déclencher chez Mireille la lecture de ma lecture du livre d’Arendt ; elle ne croyait tout simplement pas qu’Arendt ait pu vraiment écrire des passages entiers de son livre. J’ai souvenir de quelques discussions animées sur le culte de la personnalité, la propagande et l’utilisation des masses.

Je ne sais pas si Mireille a lu Arendt après ma fiche de lecture, nous n’en avons jamais reparlé. Monsieur Ruetsch avait lui apprécié ma synthèse d’une trentaine de pages, qui avait obtenu un 18/20.

lundi 25 juin 2018

De la bibliothèque de Mireille

Je ne me pardonnerai jamais de n’avoir pas gardé deux livres de la bibliothèque de Mireille : un Gaffiot (une première édition), qui a éclairé mon apprentissage du latin et le sien sûrement ; une encyclopédie des églises de France en quinze où vingt volumes, je ne me rappelle plus, qui dans mon souvenir décrivait en détail 12 000 églises, photos à l’appui, parmi les quelque 40 000 qu’on recense dans le pays.

jeudi 21 juin 2018

Fête de la musique — C'était mieux ailleurs

Quoique né, à peu de chose près, en même temps que la Fête de la musique, je mentirais en prétendant en avoir des souvenirs très précoces. Cependant, il me reste de mes sorties adolescentes dans Clermont-Ferrand des sentiments et des sensations dont la nostalgie me suit : la peur d’être en retard a une odeur épaisse de merguez grillée, l’envie d’être cool résonne dans une cacophonie joyeuse.

C’est que le centre-ville clermontois n’est pas bien grand : toute la ville se retrouve entre la place de Jaude, celle de la Victoire et Ballainvilliers. En bas de la colline, Vercingétorix encourage la foule à monter vers la cathédrale ; en haut, Urbain II bénit ceux qui veulent s’en éloigner ; tout le monde se croise rue des gras. Les vendeurs de rue subissent la même compression : la barbe à papa tourne dans la fumée d’une rôtisserie, les churros baignent à côté des frites. (Je vous parle du millénaire dernier, le kébab n’était pas encore inventé.)

Et la musique est à l’unisson, pour ainsi dire : tutti frutti et pot pourri. Les groupes sont posés à la queue-leu-leu au pied des noires façades, comme les étals d’un vide grenier. En dix mètres, le moustachu à guitare cotoie un reggae-man à dreadlocks descendu en bus de Châteaugay que regardent avec réprobation les parents des trois collégiens chantant du Goldman. À chaque intersection, les quatre mêmes types en noir couvrent toute velléité musicale concurrente : le batteur porte des bagues en forme de tête de mort, le guitariste semble entre l’orgasme et l’agonie, le bassiste se regarde le bas ventre, le chanteur sera aphone le lendemain. Du conservatoire municipal s’échappe une symphonie de Dvorak dans un arrangement pour orchestre d’harmonie. Sur le perron de l’église des Minimes, une chorale chante des bondieuseries et Claire de St-V. me demande si j’ai accepté l’amour du Christ.

Depuis que je suis venu à Lyon, rien n’est plus pareil : aucun hard-rocker ce soir devant Saint-Nizier pour pimenter le chant de messe indigent qu’anonnait avec enthousiasme mais sans talent une demoiselle patronesse. Le plus proche groupe de percussions était à plus de cent mètres. La ville est trop grande, les musiciens trop espacés. On entend ce qu’ils jouent.

Et puis il n’y a plus de merguez. Et les collégiens ne chantent plus Goldman. Où sont donc les moustachus à guitare d’antan ?

mardi 19 juin 2018

Les poignets

Comme beaucoup d’enfants, je ne me tenais pas bien à table. J’ai évidemment entendu de nombreuses fois les classiques « Tu as perdu ton bras à la guerre ? » (lorsque l’un des deux disparaissait sous la table) et autres « Ne mets pas tes coudes sur la table ! » Le souvenir le plus fort que je garde de Mireille à ce sujet concerne les poignets de pulls. Elle m’avait expliqué une fois :

« Tu vois la couture qu’il y a au niveau des poignets de ton pull ? À table, si on ne se sert pas de ses couverts, on garde les bras le long du corps et on pose les poignets de façon que cette couture soit alignée avec le bord de la table. Enfin, je parle des petits garçons bien élevés ! Tu t’en souviendras si ton patron t’invite au restaurant, plus tard. »

Et de faire le geste pour me montrer.

De fait lorsque je mange avec mon patron, avec un client ; lorsque je mange tout court, et que je porte une chemise, ou un vêtement avec une couture au niveau du poignet, j’y pense immanquablement.

samedi 16 juin 2018

Le cadeau de Guy à Mireille

 

Une autre pensée pour les aïeux

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lundi 11 juin 2018

Mireille et les couvercles

 

Dans la cuisine, bis.

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lundi 4 juin 2018

Les tomates farcies de Mireille

J’ai passé de nombreux mercredis chez mes grands-parents, chez Roland et Madeleine à Paris, chez Guy et Mireille à Noisy.

Mireille (à la différence de Madeleine) cuisinait très bien, en particulier les plats classiques de la cuisine française traditionnelle. Elle préparait fréquemment des tomates farcies, avec une légère variante dans la recette par rapport à celles de ma mère et qui pour moi faisait une différence importante : elle mettait des grains de riz entre la chair et la tomate, alors que ma mère met de la mie de pain. Je pense qu’il s’est écoulé de nombreuses années de tomates farcies au riz, chez Mireille, avant que la cruelle vérité éclate au grand jour, alors que ma mère était venue me chercher pour me ramener à la maison. J’avais laissé échapper, en présence de Mireille et de sa fille, que je préférais la version des tomates farcies de ma grand-mère.

Ce mercredi soir-là ma mère avait été très vexée ; Mireille avait bien ri ; en ce qui me concerne, j’aurais eu mieux fait de me rappeler de l’un des mantras de mon grand-père Guy : « Souviens-toi qu’il existe un vieux proverbe arabe qui dit qu’il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. »

lundi 28 mai 2018

Le livre de conversation d'anglais de Mireille

 

Ou plutôt de Catherine, devrais-je dire.

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