Diplomatie, oui, mais à géométrie variable

Où l'Auteur renonce à creuser son ulcère.

Grosso modo, je suis un garçon plutôt conciliant, un mou, un qui vous laisse parler en hochant vaguement la tête de temps en temps. Un lâche aussi, qui craint plus que tout au monde l'affrontement, verbal ou physique. Surtout physique, d'ailleurs. J'ai l'indignation lente et tiède, contrairement à d'autres.

De tous ces défauts naît une presque qualité : je suis formidablement tolérant, dans le mauvais sens du terme.

Je reconnais à tout homme le droit inaliénable de penser, de dire, de faire différemment de moi. Et je reconnais à tout homme le droit inaliénable de penser, de dire, de faire les plus monumentales conneries. Il n'y a guère qu'aux gens que j'aime vraiment que je me permets de ne pas reconnaître celui-ci, tout en leur laissant celui-là. Qui suis-je, franchement, pour dire à quelqu'un qu'il va dans un mur ? Suis-je donc vraiment si sûr que le mur est un mur et pas un de ses décors peints avec de la peinture à motifs de briquettes rouges qu'on utilise dans les dessins animés ? Suis-je sûr aussi que le fonceur ne m'en voudra pas de le dévier de sa trajectoire au point de me foncer dessus, poings levés ? Trop risqué, en règle générale, de jouer à l'air-bag, trop épuisant aussi.

Je pourrais donc être le diplomate idéal si ce n'est que, cela a déjà été dit, et par moi en plus, je suis un être superficiel qui préfère trop souvent la forme au fond.

Conséquence, je peux accepter d'entendre n'importe quelle idée, formulée avec style. Contraposée, l'inélégance m'agace. L'inélégance, dans une discussion, c'est (non limitativement) prétendre n'avoir pas compris de quoi il est question, déformer les propos de son interlocuteur, reprendre à son compte les propos de son interlocuteur en osant les présenter comme la solution de bon sens à laquelle personne n'avait pensé, tourner en dérision l'essentiel pour mieux pinailler sur les détails, poser un ultimatum (tout ultimatum est vulgaire), croire l'interlocuteur suffisamment stupide pour ne pas remarquer qu'on le prend pour un con, etc.

Je n'ai rien dans l'absolu contre l'hypocrisie, je ne déteste pas la mauvaise foi et j'aime sincèrement être pris pour un con. Mais lorsque l'hypocrisie, la mauvaise foi et le foutage de gueule se drappent dans la banalité, la bêtise et la vulgarité, je cogne.