Le bonheur d'être grand-père

Tout un art.

Ce soir, en rentrant chez moi, j'ai croisé un homme heureux.

C'était un vieux banquier. Ou un notaire, peut-être. Un homme élégant et sévère, au visage finement ridé, aux cheveux argentés. Un homme dont les années qui passent ne peuvent qu'accroître encore l'autorité. Un homme devant lequel on tremble. Il avançait d'un pas noble sur le trottoir, superbe dans son costume anthracite, impérial derrière sa cravate incarnat. Pour tout dire, il était beau et terrible. Zeus, aujourd'hui, ressemblerait à cela. Un président de conseil d'administration, un chevalier de la Légion d'Honneur, un notable. À ses rides, on ne l'imaginait pas rire mais on devinait des colères spectaculaires car calmes et glacées. Des ordres glissés en un souffle. Des flèches décochées en un mot.

Pourtant brillait dans ses yeux une joie bonhomme. Une joie d'enfant. Car il portait sur son bras droit, contre son cœur, le plus énorme et le plus jaune canari en peluche qu'il m'ait été donné de voir.

Commentaires

1. Le vendredi 20 mai 2005, 09:48 par Monster Bill

FabriceD : si j'étais un tant soit peu pratiquant, je te proposerai d'être le parrain d'un de mes (futurs) enfants, histoire que toi aussi tu puisses avoir l'oeil qui pétille en portant un énorme et jaune canari en peluche. ;-)

Ceci dit, tu peux aussi m'en offrir un à moi, je suis preneur. :-)

2. Le vendredi 20 mai 2005, 10:47 par TaL

Fin alternative :

Pourtant brillait dans ses yeux, à la lueur du révèrbère, miroitait une lueur inquiétante. Le regard, fuyant de la bête malade, dont on se détourne naturellement, par pudeur, et surtout par lâcheté. Avec la gravité d'un processionnaire, il tenait pourtant, sous son bras droit et contre son cœur, le plus énorme et le plus jaune canari en peluche qu'il m'ait été donné de voir.

Ce soir, en ouvrant mon journal, j'ai lu que le cadavre d'un vieillard avait été repêché sur les rives de la Saône.
Le drôle de regard me revint comme un éclair, regard "dont l'unique soin était d'approfondir, le secret douloureux qui le faisait languir."

Je me demande où est passée la peluche.

3. Le vendredi 20 mai 2005, 11:28 par TaL

Le lecteur attentif aura légitimement évincé l'abusif "brillait" dans le post précédent, ainsi que l'inopportune virgule après "regard", ainsi que le texte dans sa globalité peut-être.

4. Le jeudi 30 juin 2005, 17:20 par TaL

Visiblement, il aura opté pour la dernière solution.