Retour de bâton

L'histoire bégaie. Je répète : l'histoire bégaie.

Leopold Stokowski a eu une liaison avec Greta Garbo. Ce n'est pas exactement un scoop, cela doit dater des années 30. Il n'empêche.

Plus récemment, Ben Affleck (qui était sorti avec Gwyneth Paltrow) a quitté J-Lo (qui, à ce qu'on raconte, n'appréciait pas sa complicité avec Matt Damon). Le divorce doit avoir été prononcé, je pense, désormais.

Plus près de nous, l'été dernier, il y avait de l'eau dans le gaz entre Jean-Michel Jarre et Isabelle Adjani. J'ai cru voir à la une d'un magazine récemment que Jean-Michel Jarre s'est trouvé une nouvelle actrice.

Tout cela, je le sais, vous le savez, nous le savons grâce à la presse. La presse "people", mais pas seulement. Et pas seulement la presse, d'ailleurs ! Tous ces gens-là ont bien aidé. Lorsqu'on envoie des faire-parts pour le mariage, on doit s'attendre à ce que les destinataires s'intéressent au divorce. Lorsqu'on laisse entrer les photographes dans son jardin, on doit s'attendre à les retrouver au bord de sa piscine. Lorsqu'on convoque la presse dans ses scènes de ménage, on la retrouve sur son lit de mort.

Et même si tout cela n'était pas évident, depuis les années 30 on a eu le temps d'apprendre, non ?

En fait, non.

À aller s'exhiber sur les canapés rouges de Drucker, nos brillants hommes et femmes politiques auraient dû savoir ce qu'ils risquaient. Entrez, voici ma femme, voici mes enfants, voici mon chien. Voyez comme j'ai le mollet ferme sur ma bicyclette, voyez comme j'ai belle allure sur ma moto de location. Ayez la positive attitude. L'indécence ne les dérangeait pas, alors, c'était de bonne guerre : à gauche, à droite, au centre, ils passaient tous sur le canapé rouge ; en couple, avec des bestioles, avec des gamins ; avec leurs amis d'enfance retrouvés en province, avec leur vieille institutrice sortie de maison de retraite, avec leur nourrice parfois qu'ils faisaient semblant de reconnaître. Pensez-vous ! Il fallait se mettre à la portée des gens, des "vraies gens", des gens des régions, du terroir. C'était une nouvelle forme de gouvernance. Un nouveau genre de politique. Un concours de popularité. La route était droite, la pente était forte et elle passait par le canapé rouge. On venait y dire ce à quoi on pensait quand on se rasait, ce à quoi on pensait quand on ne se rasait pas, ce à quoi on pensait quand on oubliait de se raser.

Bref, on s'y mettait à nu, on se jetait en pâture et on souriait. Car tout ceci était bel et bon.

Et pourtant, aujourd'hui, on en appelle au respect, à la décence et au bon goût. C'est un peu tard. Attention, je ne pense pas que fouiller dans les draps de nos hommes politiques soit du bon journalisme. En tout cas pas du bon journalisme politique. Mais je ne pense pas non plus que prendre les électeurs - les citoyens - pour des cons, essayer de faire passez la pilule en montrant sa trogne avec la troupe du Splendide, essayer de gagner les élections à l'applaudimètre soit de la bonne politique. Je ne pense même pas pour tout dire que cela soit respecteux de la République, décent ou de bon goût.

Évidemment, je compatis à la douleur d'un homme seul, si la "calomnie" est bien fondée. Mais je ne désespère pas que cet incident privé rendu odieusement publique serve de leçon à notre classe politique.

Commentaires

1. Le jeudi 26 mai 2005, 09:31 par MonsterBill

Mais de quoi il parle le bestiaud ?

2. Le jeudi 26 mai 2005, 14:19 par TaL

Il parle de Monsieur et Madame Sarkozy.
Fabrice, je ne pense pas que les politiques soient responsables de cette situation. Les choses sont comme ça, tout simplement parce que l'homme est curieux et bête, et que _plus que jamais_ il a les moyens d'assouvir ces odieux penchants.
Tout comme ton blog te permet, en dépit de ta droiture et loyauté que je soupçonne, de te livrer à un exercice exhibionniste récurrent et délicat, qui ne sert à rien d'autre qu'à assouvir la curiosité maladive des être faibles comme moi.
C'est pas de la haute voltige ce que je raconte, mais je crois qu'il faut bien se faire une raison...

3. Le mardi 31 mai 2005, 18:54 par Gaara

Et de sept.

Plutot d'accord avec Fabrice que TaL : à vouloir manipuler les médias pour assoir sa petite image de "chef de famille idéale" il faut s'attendre au retour du coup de bâton. Les gens sont faibles c'est une évidence, mais on peut pas aguicher le client et l'envoyer sur les roses s'il se montre trop intéressé. Aprés ça on a vu pire comme intrusion des médias dans la vie privée. Sarkozy ne sera pas le premier divorcé de France, ni le premier mari volage comme ça a l'air d'être le cas. Et heureusement pour lui, contrairement à nos confrères anglo-saxons d'outre atlantique ou non, ses histoires de famille ou de fesse ont peu de chance de nuire à sa si importante carrière politique...