Silhouette, physionomie et autres mots difficiles à épeler

Mais pas rhododendron, ornithorynque ni micropachycéphalosaurus.

Un ami mien, du genre sage et raisonné, du genre lasiophile et bûcheronomane aussi, m'a exposé une théorie intéressante.

Il était question de séduction, d'échecs amoureux et de notre type d'homme. Ou, plutôt, de nos types d'homme, puisque nous ne chassons pas sur les mêmes terres. Je l'ai dit, lui est sensible au charme du grizzli, au sex-appeal du gorille, en un mot à l'attrait du poil, tandis que je rêve d'une beauté quasi antique, d'un éphèbe grec, d'un charmant romain. Ou - mais plus rarement - d'un cowboy surfeur ayant un pick-up.

Selon, lui, l'idée de "type" est une idée fausse, une construction a posteriori, un gadget marketing. Un truc qu'on inventerait à la va vite pour répondre inopinément à la question quel est ton type d'homme ? Un concept qu'on construirait à chaque coup de foudre, à chaque fantasme, à chaque regard croisé dans le métro pour leur donner un sens, une unité. Un machin à alimenter les tests des pages "psycho" des magazines pour midinettes. J'irai plus loin : un moyen à la fois de se prouver sa propre cohérence et de se rassurer en se mettant sous la responsabilité d'un cupidon systématique et monomaniaque.

Selon lui toujours, ceux et celles qui prétendent chercher voir l'âme à travers le regard, ceux et celles qui affirment s'intéresser aux rides au coin de la bouche, ceux et celles qui avouent jeter un œil au niveau de la braguette, tous ceux-là sont des menteurs. Même s'ils sont sincères. Car, c'est là le cœur de la théorie, tout ne serait qu'une question de forme du visage (postulat de Gaara).

Autant dire qu'il ment lui aussi. Ou qu'il n'est pas myope.

Si j'en crois mon expérience, les trais d'Éros portent loin. Moi qui n'ai rien d'exceptionnel, moi qui par certains points rappelerais plutôt la taupe que le lynx, moi, donc, suis capable assez fréquemment (deux à trois fois à la minute, au printemps) de repérer l'homme de mes rêves à des distances étonnantes - la centaine de mètre ne me fait pas peur. Autant dire qu'à cette distance la forme du visage n'existe pour moi qu'en tant qu'hypothèse, que vue de l'esprit : je suis prêt à admettre jusqu'à preuve du contraire que ce corps au loin peut avoir un visage qui peut avoir une forme. (Notez en passant, qu'à cette distance ou même plus près, l'homme de mes rêves ne me reconnait même pas comme l'homme des siens. Le pauvre doit être astigmate.) Pourtant, instantanément, je succombe.

Pourquoi ? Parce que tout n'est qu'une question de silhouette ! (Postulat de FabriceD)

Alors, vous demandez-vous arrivés à ce point-là, quelle silhouette a mon type d'homme ? Il n'a pas une silhouette particulière, en fait. Sinon une silhouette rassurante. C'est pathétique, sans doute, mais plus j'y pense plus je me rends compte que je n'attends que d'être rassuré. D'être pris dans des bras qui me protégeront de ce monde stupide. D'être aimé, aussi.

Malgré mes fanfaronades, mon blog et mes pantalons taille 40, je suis toujours dans ma tête le petit gros qu'Asselin J. frappait pour qu'il lui file ses exercices de grec ancien.

Commentaires

1. Le jeudi 23 juin 2005, 09:37 par Val

je suis assez d'accord sur la question de la silhouette pour la vue de loin mais je détombe amoureux dès que le visage ne correspond pas
donc oh surprise, ce qui importe c'est le visage et la silhouette...

2. Le jeudi 23 juin 2005, 17:59 par Romulus

Moi je regarde les yeux...et un peu tout le reste aussi, il faut bien le dire, mais seulement ensuite !