Une présence

Où l'Auteur n'annonce pas son retour en équipe de France de football.

Il est là, près de moi.

Je ne vais pas me la jouer mystique, comme certains qui entendent des voix ou qui parlent à des gens qu'on ne rencontrera jamais, en pleine nuit, dans leur chambre, de leur avenir. Juste énoncer des faits. Des évidences.

Il est là, près de moi. Même quand il n'est pas là. Surtout quand il est là. Lorsqu'il est à mes côtés, c'est le monde qui n'existe plus : les oiseaux ne chantent plus puisqu'il parle, rien n'a plus de goût puisque je l'embrasse, la matière n'est plus puisque je l'ai dans mes bras. Il est tout ; l'univers, la vie et le reste ; quarante-deux fois tout. Son sourire est mon soleil, son intelligence ma béquille, sa tendresse mon pansement.

Il est là, près de moi. Quand il est là, bien sûr. Quand il n'est pas là, surtout. Lorsqu'au bout de trois jours de manque seulement ma vie devient terriblement grise, lorsque les nuages s'amoncellent, lorsque l'orage gronde autour de moi, il illumine toujours ma vie, mes jours et mes nuits. Ce soir, par exemple, dans cette Passacaille et fugue en ut mineur de Bach. Je l'y entends. Lui, si doux, si tendre, je le retrouve dans ce fragment d'apocalypse, dans cette débauche sonore, dans cette violence faite musique. C'est qu'il y a des souvenirs, d'abord. C'est qu'il y a sa folie, aussi. Quelqu'un qui rit si facilement aux éclats, quelqu'un qui se précipite à ma fenêtre pour saluer en hurlant un voisin mélomane, quelqu'un de si merveilleusement dingue sous son verni de raison rond-pointologique et canalisonologique, comment ne pas le retrouver là-dedans ? La raison, c'est Bach l'architecte ; la folie, Respighi et ses couleurs bariolées de cuivres, de cordes et de vents. Il est Bach, il est Respighi, il est Monteux, il les est tous. Car il est lui.

Je ne voulais pas tomber dans le mysticisme, je tombe dans la mièvrerie. L'amour rend idiot, c'est ma seule excuse.

Commentaires

1. Le jeudi 11 août 2005, 11:25 par TaL

L'amour n'excuse rien. Il ne rend pas idiot, mais aveugle, ce qui est un commencement de clairvoyance.
Ton idiotie est largement émancipée. Ici, sa manifestation n'est certainement pas ce superbe canevas de prose aux senteurs de conifères, mais plutôt cet injuste et lâche reniement qu'est cette auto-accusation finale de mièvrerie, manoeuvre élégante de se détaxer de la responsabilité de ce qui précède.
Il n'y a pas de mièvrerie à exprimer ses sentiments quand ils sont aussi manifestement sincères.

2. Le jeudi 11 août 2005, 11:32 par TaL

Et puis, j't'interdis de te moquer de Zidane. Le foot, c'est la mienne, d'idiotie.

3. Le jeudi 11 août 2005, 13:55 par Stitch

Tiens, TaL est vivant, qui l'eut cru?

4. Le jeudi 11 août 2005, 18:10 par Rakh

Bouche bée, je ne dis rien. Ah si quand même : tu regarderas ta boite aux lettes, il y a un délire sur la passacaille qui devrait arriver. J'écoute une version piano, tu écoutes tes versions orchestrales : on s'entend par-delà la distance à travers la musique.