Déjà vu

La grand-mère de Virginie le connaissait ; mais connaissait-il le père de Camille ?

J'ai revu le vieux collège avec ses marroniers. M. Blachon n'y sévit plus. C'était lui qui faisait la chimie. Il s'est retiré les cheveux verdis, et les sourcils brûlés par trente ans d'expériences ratées, d'explosions réussies et de prédictions contredites, car le résultat de toutes ses expériences sur n'importe quel corps chimique fut constamment le contraire de ce qu'il annonça. Trente ans de rébellion des acides et de désobéissance des bases ! Sous sa coupe tous les corps chimiques protestaient contre la nature : le phosphore trichait, le sodium narguait, l'acide nitrique prenait le maquis. Les métaux avaient décidé d'opter pour une vie romanesque. Les mariages se faisaient à pile ou face, et leurs produits étaient inattendus.

Alexandre Vialatte, Les Fleurs du Congo, Épilogue

Commentaires

1. Le lundi 20 février 2006, 11:56 par Virginie

Ce post tombe fort bien, aujourd'hui 20 février cela fait un an que ma grand-mère emportait avec elle pour l'éternité ses souvenirs de "Monsieur Alexandre", comme disait toujours sa femme (à Alexandre).