Dans un instant, la suite de nos programmes...

(Message de service.)

J'aimais beaucoup ces instants magiques où, tout à coup, Guy Lux et Léon Zitrone se taisaient. L'instant d'avant, une vachette encornait une autruche caoutchouteuse. C'était à Bandol : Zitrone s'époumonnait, décrivait cette lutte comme Hugo Waterloo, assurait le spectacle. À Sainte-Maxime, Guy Lux frémissait d'effroi, s'inquiétait de la santé du volatile. Simone Garnier ne faisait rien. Le suspense était à son comble : on retenait son envie d'aller aux toilettes pour ne pas rater les premières gouttes de sang. Mais, tout à coup, Zitrone et Lux se taisaient, la vachette disparaissait, et l'autruche avec : c'était la panne.

Il y avait comme un instant de flottement : l'écran restait noir, le salon silencieux. Et puis on se reprenait : un carton annonçait la reprise prochaine du cours normal de la tauro-autrucho-machie. Une petite musique insipide annonçait qu'on pouvait aller aux toilettes. Cela durait trente secondes ou quelques minutes, on ne pouvait savoir à l'avance, c'était un suspense mou. On s'ennuyait ferme mais on n'osait trop s'éloigner : la promesse de l'autruche nous retenait.

Il fallait parfois plusieurs tentatives avant le retour de la vachette : Léon Zitrone apparaissait un instant, la tête en bas, verdâtre et ondulant, comme le capitaine Haddock au début de L'Affaire Tournesol ; brièvement, Guy Lux chevauchait Simone Garnier ; parfois, l'autruche et la vachette se mélangeaient. Mais tout finissait par rentrer dans l'ordre.

J'aimais beaucoup ces instants mahiques où, tout à coup, Guy Lux et Léon Zitrone se taisaient. Parce qu'ils permettaient de soulager sa vessie, d'abord, je l'ai dit. Mais, surtout, parce qu'ils permettaient de rêver : on imaginait la vachette folle forçant l'accès au car régie, terrorisant les techniciens, arrachant du sabot une prise importante. Plus l'interruption durait, plus l'explication gagnait en détails, en péripéties et en invraisemblances.

Tout finissait par rentrer dans l'ordre, bien sûr, et Guy Lux s'excusait de l'incident technique. Mais, derrière ce mot pudique, suffisamment de mystère subsistait pour laisser la place à tous mes doux délires d'enfant.

Commentaires

1. Le samedi 19 août 2006, 23:21 par Tv39

Guy Luuux ! Guy Luuuux ! On m'a cassé mes lunettes, je n'ai rien n'a l'oeil, mais z'on ma cassé mes lunettes, Guyyyyy ! Je n'y vois plus rien.

2. Le dimanche 20 août 2006, 19:49 par Monster Bill

"Je ne vous entends plus, on m'a cassé mes lunettes !!"

3. Le mardi 22 août 2006, 15:35 par Kyoshiro

Je crois que j'ai raté un moment de télévision épique !

4. Le mercredi 30 août 2006, 18:01 par bertrand @ Cork

Mais quel age as-tu Papi Fabrice pour avoir connu ce genre d'interruption ?