Grammaire allemande

Das ist doch so einfach...

Au temps, dont parle sur le parvis de Notre-Dame le "vieillard tout attendri" de la chanson, que Paris était encore un grand village et Berlin un groupe sans cohésion de huttes où l'on mangeait du poisson sec autour des feux de tourbe, les Germains inventèrent pour se distraire un jeu de société qui s'est perpétué jusqu'à nos jours et qui s'appelle le jeu de la particule séparable. Il exige un grand effort de mémoire, de solides connaissances grammaticales, un entraînement quotidien et des poumons de coureur de 5 000. Il consiste à dévisser tous les verbes en deux parties, l'une que l'on pose au début de la phrase, et l'autre, la particule séparable, qu'on ne laisse apparaître qu'à la fin de la conversation si on ne l'a pas oubliée en route. Le verbe allemand est en quelque sorte un basset aux réactions lentes. Vous lui marchez sur la queue au commencement de votre phrase et il aboie quand vous la terminez. C'est un petit baril de poudre dont vous allumez négligemment la mèche sous le séant de votre interlocuteur en guise de prologue et qui lui éclate dans les jambes au moment où il s'y attend le moins. La phrase s'en trouve tout illuminée, car c'est cette explosion soudaine de la particule séparable qui lui donne tout son sens.

Alexandre Vialatte, Bananes de Königsberg

Commentaires

1. Le vendredi 23 mars 2007, 22:34 par Romain

Attention toutefois...certaines particules ne sont pas séparables. C'est ça qui est rigolo, aussi.

2. Le dimanche 22 avril 2007, 01:58 par Noémie

je confirme pour les particules inséparables :

be - emp -ent -er -ge -miss -ver -zer