Vieux people

Qui est donc cette Marie-Thérèse ? L'homme du vingt-et-unième siècle, éduqué à la presse de caniveau, flaire le graveleux. Il s'agirait d'en savoir plus : Haydn a donné son nom à sa quarante-huitième symphonie ! Qui était-elle ? Qui était-elle pour lui ? Qu'ont-ils fait ensemble ?

Renseignements pris, rien. Mais ne brûlons pas les étapes : prenons la symphonie comme un portrait et imaginons. (Cette symphonie n'est justement pas un portrait : l'exercice n'en sera que plus injuste et plus drôle.)

Marie-Thérèse sonne comme une grosse dame rigolote (allegro), spirituelle (finale), mais un peu mélancolique parfois (andante). Est-elle veuve ou vieille fille ? Je ne saurais dire. Mais une chose est sûre : elle aime la chasse à courre. Oh ! ça oui. (Pourquoi, sinon, ces sonneries de cor dans le premier mouvement ?) Le dimanche, bien avant la messe, quand l'aube blafarde peine à déchirer la brume sur la lande, un fusil dans le dos, un parapluie-canne à la main, toute vêtue de tweed et de daim, elle part. Un canard sauvage, un faisan, quelques bécasses plus tard, elle s'en revient, passe un tablier et met à mariner. Une messe rapide où elle tient l'orgue puis, de retour chez elle, mijotage, rôtissage et braisage. Dans la salle à manger, une horloge de grand-père sonne enfin midi. On frappe à la porte. Elle ouvre. Entre un vieux monsieur en perruque poudrée : c'est Papa Haydn. La suite ne regarde plus qu'eux.

Résumons : pour moi, Marie-Thérèse ressemble à Wendy Worthington, tendance chasseresse, ascendant cantinière. Évidemment, rien de tout ça n'a existé, mais ce n'en est que plus beau.

Les compositeurs ont ainsi semé des noms à travers l'histoire. Si, grâce à Beethoven, Élise est sans doute la plus connue, la dédicataire de l'Annen-Polka de Johann Strauß fils est ma préférée : je la vois tournoyer telle une toupie obèse dans une salle de bal bondée, éjectant les autres danseurs, écrabouillant son cavalier. (Fantasia est passé par là.) Il s'agit le plus souvent d'hommages et non de portraits, mais il n'est pas interdit de s'amuser. Une exception, tout de même : Sir Edward Elgar a maquillé ses amis derrière des trigrammes cryptiques et  a embrumé le tout dans un thème mystérieux. Ce sont les variations Enigma. Les musicologues, qui ne sont pas moins joueurs que les autres, ont identifié tout les personnages (Cela brime l'auditeur, qui aimerait les inventer.) mais ils butent toujours sur le thème.

Finalement, qui est donc cette Marie-Thérèse ? Une impératrice d'Autriche, excusez du peu. Mais cela n'a pas la moindre importance, si ?

Commentaires

1. Le vendredi 22 janvier 2010, 00:09 par Val

Apparemment non.