Ribeauvillé

À perte de vue, pendant des heures, des vignobles. J'aime les vignobles. Que l'aiguille de mon regard suive leurs sillons et résonnent en moi les clameurs des beuveries futures. La campagne m'apaise d'autant mieux que ses fruits m'enivrent. Mais j'étais sobre, ce jour-là, car je conduisais. Je ne me souviens plus vraiment de la route, ni du paysage, sinon de ces vignobles. Peut-être me trompé-je, d'ailleurs : les vignobles bordaient peut-être une autre route, un autre jour. Je ne sais plus trop.

Je me souviens cependant de mon copilote qui me guidait ce jour-là. Il fallait suivre Ribeauvillé pendant assez longtemps. Enfin, il me semble que nous avons roulé longtemps, mais une confusion est possible : il se peut que nous ayons roulé longtemps pour Sarrebourg, mais que Ribeauvillé fût proche. Une chose est sûre, toutefois : il fallait suivre Ribeauvillé.

De fait, nous avons fini par atteindre Ribeauvillé. Nous en avions tout juste traversé les faubourgs quand mon copilote me dit, vivement, soudainement, de me garer. Depuis quelques kilomètres, il était aux aguets ; il venait de repérer ce qu'il cherchait : Nous venons de dépasser la sous-préfecture. À mon habitude, je suis allé la voir de plus près. C'est une grosse maison bourgeoise, d'une pierre orange veinée de briques rouges, très jolie. La photo prise, j'ai rejoint Romain à la voiture et nous avons repris la route.

Au rond-point suivant, mon copilote m'indiqua qu'il fallait faire demi-tour. Je m'étonnai : ne voulait-il donc pas voir Ribeauvillé ?

Non, je voulais simplement que tu puisses photographier la sous-préfecture.

Mes souvenirs sont très flous. Je ne suis même plus sûr, à me relire, que je conduisais vraiment. Peut-être, en fait, Romain s'est-il simplement laissé guider. Mais Ribeauvillé est une preuve d'amour, je ne saurais rien en dire d'autre.