Vichy

On va à Vichy comme on va en cure ; la France même y est allée faire un Régime. On y mange des carottes qui rappellent la cantine de l'école, on y porte les chemises de Jack Lang, on y suce des pastilles mentholées. L'eau y est gazeuse et médicinale. Son goût étrange prouve son efficacité, comme de tout bon médicament.

Une promenade à Vichy

Le thermalisme bat la sous-préfectoralité : quoi de commun entre Vichy et Montluçon ? L'Allier. Malgré les distances, Vichy est bien plus proche de la Bourboule, d'Évian-les-Bains ou de Biarritz : la même architecture de bonbonnière élégante, les mêmes hôtels à la grandeur un peu passée, le casino dont les néons clignotent dans la nuit. Des vieilles dames voûtées sous le poids des perles croisent des rombières emballées de vison ; les unes comme les autres trainent à leur bras des messieurs tout gris portant chapeau mou et moustaches frisées. En 1934, Anouilh décrivait déjà cette atmosphère vieillotte dans Le bal des voleurs. L'horloge sur la façade de l'opéra municipal indique l'heure exacte, mais le temps semble n'en pas tenir compte.

Sous la poussière, pourtant, les dorures ternissent et les manières se perdent. Vialatte racontait que, à l'arrivée en gare de la Bourboule, des traineaux à chiens accueillaient les curistes pour les mener à travers la ville enneigée jusqu'à leur hôtel. Une veille de Noël, à la Bourboule, je n'ai vu ni neige ni traineau. Il pleuviotait, la ville était grise, les thermes semblaient déserts. Le brouillard rôdait à flanc de montagne et assiégeait le village endormi.