Journalisme de l'extrême

Immenses sont les ténèbres qui nous entourent. On comprend l'univers comme on avance dans une caverne : l'obscurité devant nous s'éclaircit à peine que des ombres plus noires encore s'amassent derrière elle ; on se retourne et le chemin que l'on croyait connaître a disparu. Alors, pour se rassurer, l'homme laisse de loin en loin un brasero, une connaissance brute, violente, sauvage, mais qui suffit à réchauffer l'esprit qui s'égare.

Ces vérités nous viennent d'une ère lointaine, où les hommes habitaient justement les cavernes. La vie était précaire : il ne s'agissait pas tant de savoir que de savoir-vivre — de savoir-survivre. Il ne faut pas toucher le feu, il ne faut pas entrer dans la grotte de l'ours, il ne faut pas traverser devant le mammouth, la femme de ton voisin tu ne convoiteras pas, il ne faut pas mettre les doigts dans la prise, il ne faut pas mettre les couverts dans le micro-ondes, il ne faut pas dire malgré que.

On apprend ces vérités tout gamin, en même temps qu'on apprend à ne pas les questionner. Mais, comme l'enfant arrête un jour de croire que les parents ont toujours raison, l'homme commence à douter et veut savoir de lui-même.

Voilà la noble tâche à laquelle je m'engage aujourd'hui : essayer et dire. Braver les interdits les plus anciens et vous rapporter, lecteur, les enseignements de mon audace. Attendez-vous à voir tomber devant vos yeux les hauts murs de la superstition, contemplez l'immensité du savoir, marchez vers l'horizon de la connaissance !

J'ai commencé dès ce soir et je puis désormais vous le dire : on peut ne pas obéir aux étiquettes ! On peut laver ses vêtements à 90°C sans qu'ils semblent rétrécir. Les étiquettes mentent !

(Ou bien c'est au séchage que se produit la contraction et j'aurai l'air très sot, demain matin, pour enfiler mon caleçon.)