Un jour je m'achèterai des Berluti

Pour mes 20 ans, ma mère m’a offert une jolie paire de chaussures italiennes. Je la porte régulièrement depuis. J’y suis très attaché.

Ce sont des souliers de forme richelieu, les plus simples : les lacets referment directement la partie haute de la chaussure, l’empeigne. Les deux morceaux de cuir carmin patiné qui en font la forme, j’en suis les courbes et bosses comme on touche un morceau de bois poli. Ils sont restés doux malgré les dix années de pliures, tensions et contorsions dans tous les sens que la marche leur fait subir. Les coutures des bords sont fines et solides. La jointure du cuir au semelage est toujours en parfait état. Je n’ai eu qu’à passer chez un cordonnier faire ressemeler (deux fois) et retalonner (une fois) chaque soulier. Les lacets s’usent mais je n’ai pas eu encore à les changer. Cela ne saurait tarder.

J'adore ces chaussures pour le confort qu'elles procurent, parce que c'est un cadeau dont on se souvient, pour l’absence de couture sur l'empeigne, aussi : une petite au talon, une autre à la voûte plantaire et tout est dit.

Je ne peux m'empêcher de penser, quand je les vois, à la Paire de souliers de Van Gogh, quoique je ne dépeigne pas les miens aussi bien que lui les siens ; les miens ne sont pas aussi pittoresques, mais ils dureront sûrement autant : je compte bien continuer de les porter pendant dix ans encore au moins et je sais qu'ils tiendront.

C'est le paradoxe des souliers italiens (ou appelez-le comme vous voulez) : l'achat initial était cher, 260 euros dans mon souvenir, mais rapporté à la durée d'usage aucune paire ne tient la comparaison.

Commentaires

1. Le dimanche 4 décembre 2011, 18:38 par Romain

20 ans, me souffle-t-on dans l'oreillette.