Un essai sur la photographie

J'avais connaissance de l'existence d'un écrit de Roland Barthes sur la photographie, sans l'avoir jamais lu jusqu'à il y a peu. Mathieu Lindon l'évoque dans Ce qu'aimer veut dire, Hervé Guibert dans plusieurs de ses livres sans que je sache dire lesquels. C'est La Chambre claire, sous titré Note sur la photographie.

De Barthes, on me dit que son opus magnum, Mythologies, est excellent mais il attend toujours sur ma pile ; j'avais lu Le Degré zéro de l'écriture étant étudiant, un essai de sémiologie pas facile, et plus que le caractère ardu de l'écriture je n'avais pas franchement été conquis par le contenu. Dix ans plus tard, je regrette de m'en être séparé, j'ai dû le lire un peu vite (et qu'en avais-je compris alors ?) et je le reprendrais bien à la lumière d'autres lectures. Mais, revenons à nos moutons : un ami m'a offert cette Chambre claire (sans qu'il sache peut-être à quel point ça me faisait plaisir), aussitôt lue.

Note sur la photographie, au singulier : ce sous-titre correspond particulièrement bien au texte. C'est une réflexion, une pensée certes construite et développée, mais sous la forme d'un petit mémoire, un truc sans prétention, pas trop long. Barthes se demande la spécificité de la photographie par rapport aux autres arts ; au-delà, en convoquant quelques concepts de phénoménologie, il en fait un objet de conscience afin de pouvoir en dénicher le sens. On chemine avec lui, on s'agace en passant des quelques expressions latines inutiles ou du jargon phénoménologique pour le jargon qui émaillent le livre, et qui pourraient être reformulés. (Cela contribue certainement au fait qu'un Charles Dantzig trouve que Barthes écrit comme un pied...) L'acuité de l'argumentation, la justesse des remarques prime ces quelques détails : je recommande à tout amateur de photo ces quelques pages lumineuses.