Présidentielles

Le présent faisant rage, et le temps des ravages, la vieillerie approche et son lot de sagesse, d'aigreur et d'incontinence. Comment ne pas aigrir quand nous devrons demain, par un reste de fierté, affirmer à de plus jeunes que nous, plus beaux et vigoureux encore, quand nous devrons leur affirmer, sans rougir pourtant, leur affirmer que, de notre temps, la politique était affaire sérieuse ? Oublié le favori qui refuse de nommer son adversaire autrement que le candidat sortant ; oublié le président qui promet aujourd'hui ce qu'il raillait hier et refuse désormais ses promesses d'antan ; oubliés les deux (deux !) candidats trotskistes. Par fidélité anachronique à notre jeunesse et par méfiance de celle qui nous aura succédé, nous louerons demain ce que nous méprisons aujourd'hui : Le président Fallières, disait mon arrière-grand-mére, voilà un grand monsieur.

Vieillir, et voir remplacer le ridicule d'hier par un ridicule nouveau auquel on n'est pas habitué. Pis : voir notre ridicule devenir le nouvel acceptable... On aimait moquer les Kevin quand ils étaient rares, en voilà une génération qui arrive, j'en ai accepté un pour stagiaire. Il va falloir se retenir, la frustration creusera l'ulcère, l'aigreur nous vieillira plus encore. Sur qui pourra-t-on encore compter, sinon la vieille noblesse, pour rire encore bêtement ? Hors les Sixte, les Gildine et les Tanneguy, quelques bretons, peut-être, Gildas, Erwan et Enguerran...

Si l'on ne fait rien, demain, nous élirons Président un Matéo ou une Lea. De qui se moque-t-on ?

Commentaires

1. Le vendredi 20 avril 2012, 23:31 par Romain

Du lecteur. Il te manque un "malgré que" pour faire 1930, dommage.

2. Le samedi 5 mai 2012, 20:29 par Bill

C'est fou comme en moins d'une phrase, en moins d'une ligne, en quelques mots, en somme, on sait immédiatement qui est l'auteur. Et quand je parle de quelques mots, il ne s'agit pas du nom dudit auteur écrit en sous-titre du billet...