Noir

Jeudi dernier, ce très bon collègue avait fait le tour des bureaux pour que nous descendions tous manger dans l’un des nombreux restaurants qui s’épanouissent le midi, autour de la Part-Dieu. Le jeudi : lasagnes. Repas à douze comme nous en faisons souvent, avec le même noyau dur de jeunes collègues de moins de 30 ans. Scaroline, Francesco aussi, font partie de ses adresses favorites.

Montagnard, il y passe toutes ses vacances dans les Alpes, souvent seul. Il devait partir aujourd’hui, mais plusieurs autres collègues l’ont entendu dire vendredi soir qu’il reviendrait travailler, un projet le nécessitant. Ce matin, personne. Cela n’étant pas dans ses habitudes, je laisse un message sur son répondeur de portable. Il a dû passer le week-end sur les sommets, et finalement ne pas résister à l’appel du grand air.

On le chambrait souvent gentiment, lui qui était si cynique mais qui paraissait pourtant bien dans sa peau, comme ses sportifs qui semblent toujours bien se porter.

J’apprends en partant ce soir qu’il s’est suicidé. L’émotion me gagne parce que je ne sais pas, je ne comprends pas, et que je constate impuissant.

La mort est un scandale.