Les douces délices de la moquerie

La Présidentielle, de Patrick Besson, est un livre d'une drôlerie et d'une exagération assumées. Il renferme de courts pastiches que l'auteur avait écrits pour le magasine Le Point, avant l'élection présidentielle, dans le style de. Que l'on ait lu ou non l'auteur pastiché, un éclat de rire toutes les deux pages vous guette... Ses contrefaçons jouissives de Marguerite Duras, Jean d'Ormesson et Erik Orsenna, chacune en deux ou trois pages, sont irrésistibles de dérision méchante pour la première, de placidité béate pour les deux autres.

François Hollande en prend plein la tête, c'est alternativement injuste ou très bien senti mais l'emphase et la mauvaise foi sont consubstantielles au genre. Venant de l'auteur, il ne fallait certes pas s'attendre à moins. Ses San Antonio et Gérard de Villiers m'ont fait pouffer comme les Chroniques du règne de Nicolas 1er de Rambaud. C'est vraiment comme ça San Antonio, des comparaisons, des images truculentes à chaque coin de paragraphe ? Je pensais, en lisant un peu de Lodge ou d'Amis ces derniers mois, que le roman comique anglais était bien une chose introuvable en France ; mais on peut rire beaucoup aussi dans la littérature française contemporaine. De Rambaud, quelqu'un voudrait-il bien rééditer les Oraisons funèbres de dignitaires politiques qui ont fait leur temps et feignent de l’ignorer ? je reprendrais bien quelques tranches de rire en Garamond.