Art ménager

 

Jolis mots pour une corvée.

Le progrès fait rage, disait Alexandre Vialatte à propos de tout et n'importe quoi. Nous l'allons montrer tout à l'heure.

Vous achetez une machine à laver le linge, un lave-linge comme on lit dans les magasins où l'on en vend (bien que personne ne semble employer cette locution). Après quelques essais, éblouissement : la bête est silencieuse, rapide, lave bien, consomme certainement moins que son ancêtre antédiluvienne, bref, que demander de plus ?

Justement, ces quatre qualités seules suffiraient amplement mais pour le même prix vous avez droit à quelques gadgets de plus.

Pour commencer, le silence étant vraiment trop oppressant, l'appareil émet toutes sortes de mélodies vous renseignant sur son état. Oh, je suis prête à laver, appuie sur "démarrer" !. Et voilà, j'ai terminé. Tu peux maintenant ouvrir la porte !. Pourquoi ne parlerait-elle pas, comme les GPS ? Il faut dire qu'elle fait tellement peu de bruit qu'il faut bien prévenir quand le programme est achevé.

Vous avez le droit également à tout un tas d'alarmes, attention, ceci ou cela ne va pas, etc. Quand la porte n'est pas fermée, par exemple. Également, elle refuse d'essorer si la charge est mal répartie dans le tambour à tel point que c'est préjudiciable à son équilibre. C'est arrivé une fois que des draps s'étaient casés dans une housse de couette. On se demande pourquoi des draps vont toujours s'y coincer (des chercheurs quelque part aux États-Unis étudient certainement la question sérieusement), mais quand draps cachés, machine toujours faire ainsi. L'ensemble devait créer un balourd que la machine refusait d'essorer. Pas folle, elle ne voulait sûrement pas faire des bonds toute seule dans son renfoncement.

Tant qu'à faire, les ingénieurs en électroménager pourraient prévoir un dispositif qui refuserait de commencer le lavage en l'absence de lessive, parce que je l'oublie parfois et on ne vous dit rien, ça va bien que je m'en rends compte rapidement.

Machine son et lumière : en plus de mélodieux bip-bip illuminant le silence, l'engin communique également au moyen de l'écran sur sa façade. Oh, la communication est minimale, faite de quelques éléments à cristaux liquides sept segments. Jaune fluo, après démarrage du programme et pesée de la quantité de linge présente dans le tambour, s'affiche fièrement un temps de lavage (parfois très variable alors que j'ai l'impression de toujours mettre la même quantité de linge, mais passons). Devant autant de technique, osons le mot, de génie déployé dans un appareil d'usage maintenant courant, on reste sur sa faim parce que le temps indiqué est systématiquement erroné. D'un tiers environ, après quelques calculs et une moyenne. C'est tout de même beaucoup.

Comment ? Une machine à laver peut vous annoncer le temps qu'il fait mais se trompe de près de trois quarts d'heure sur un programme de deux heures ? Oui, mais elle réévalue le temps au fur et à mesure de l'avancement du programme, entends-je. Mais pourquoi ne pas  avoir tenu compte de ce fait dès le début ? Je me perds en conjectures, parce que la proportion de temps supplémentaire est systématiquement la même...

Le progrès fait rage.

Commentaires

1. Le dimanche 8 juillet 2012, 14:57 par Bill

C'est surement le même algorithme que celui qui donne le temps restant d'une opération (généralement de manipulation de fichiers) dans le système d'exploitation le plus répandu dans les ordinateurs personnels...