Resquiat in pacem

Lorsque j’étais adolescent, nous allions parfois manger à un tex mex le vendredi soir. Avec la belle-mère, le père, le demi-frère, on se retrouvait autour d’une table couverte d’un bon morceau de plexiglas (pour pouvoir frapper la tequila), près des néons de pub pour une bière mexicaine, la Dos Equis. Et que croyez-vous qu’il manquât, en sus des propriétaires mexicains eux aussi ? Des mariachis.

Ils étaient deux, costumés ; ils chantaient (hurlaient) très fort, à vous casser la tête bien plus que la tequila de fin de repas. Leur répertoire était essentiellement constitué de classiques mexicains, espagnols, vous voyez bien le style. Ils faisaient le tour des tables, et vous demandaient avec un fort accent la chanson que vous souhaitiez pour accompagner votre repas lorsqu’ils arrivaient à la vôtre.

Take five ! a lâché mon père, de guerre lasse après un énième soir de Besame mucho et autres Comparsita. Le morceau de Jazz, là ?, bredouilla le premier guitariste, celui qui ne prenait ni les maracas ni les castagnettes. Mon père, fortement affirmatif : Oui, Dave Brubeck, vous connaissez ?

Et ils enchaînèrent endiablés, en braillant, ce morceau qui est pourtant instrumental, à la sauce Cucaracha.

Aujourd’hui que Dave Brubeck est mort, je repense à ces quelques moments. A vrai dire, chaque fois que je lis Dave Brubeck, qu’on m’en parle, ou que Fabrice en met un disque, je pense immanquablement aux mariachis.

¡ Ay !

Commentaires

1. Le mercredi 12 décembre 2012, 17:52 par Rodney

Merci beaucoup pour cette colonne très impressionnant. 08))