Menu de mars

La salle : vaste, pourvue de grandes tables ; à deux on s’assoit côté à côte, ce qui aurait plu à l’écrivain Paul Morand qui jugeait que manger face-à-face était un crime.

Amuse-bouche avec foie gras, petit croquant, biscuit au parmesan surmonté de potiron (potimarron ?) : on nous laisse manger en prenant notre temps, on pivote doucement sur la chaise en goûtant son plaisir.

Bouchée d’huîtres et gelée de betterave fumée : petite mise en bouche iodée, la gelée étant manifestement constituée d’eau de mer. Un verre de Sancerre bien rocailleux pour faire glisser le tout.

Brisures de châtaignes et de truffe, au beurre salé : grande simplicité et puissance des arômes terreux pour ce plat tout en morceaux. Était-ce un Pessac-Léognan qui accompagnait ce plat ?

Plins et ravioles d’écrevisse à la coriandre, bisque d’étrilles : mention spéciale à la bisque, divine. Avec un Pic Saint Loup blanc.

Rouget barbet avec glaçages au beurre et différents petits légumes et sauces : le plus beau plat du repas, un poisson parfaitement cuit, des combinaisons de parfums inouïes avec ce verre de Condrieu 2010.

Coquilles saint-Jacques qui collent à la dent, carmine : association amer/doux très réussie en même temps que très simple. Un verre de Meursault 2009 du domaine d’un des meilleurs vignerons de la Bourgogne (dixit la sommelière, amenez-moi le menu que je vous retrouve son nom : Coche-Dury), a fait définitivement passer ce dîner dans la catégorie inoubliable.

Carré d’agneau brûlé et épicé, gratin dauphinois, et un autre accompagnement qui ne me revient pas : sorte de perfection de carré, mais rien de follement original non plus. Ah si, tout de même, ce verre de Volnay 1996, dont la complexité m’a un peu laissé sans voix.

Plateau de fromages superlatif. Honteusement, j’ai demandé à Fabrice de prendre quelques morceaux au cas où le plateau disparaisse trop vite. Las, il est resté et l’on m’aurait resservi, l’eussé-je demandé. Je vous sers un peu plus de Volnay ? Oh oui, et comment donc, n’hésitez pas ! Si j’avais su, je n’aurais pas économisé le premier verre…

Champs colorés : un double dessert comprenant en premier un quartier de pamplemousse mi-gelé mi-confit, et à suivre de la mangue et un caramel accompagnés d’une glace au champignon. J’ai évidemment laissé mon pamplemousse à Fabrice, hormis ce détail fâcheux l’ensemble était d’une finesse toute classique. Jurançon 2009.

Après un café et des mignardises qui constituaient bien un troisième dessert, nous avons souhaité explorer un peu la nuit roannaise. À la réception la demoiselle a eu l’air perplexe que deux jeunes gens veuillent aller faire un tour sur les bords de Loire, à bientôt une heure du matin. Qu’importe, il fallait vivre le rêve jusqu’au bout !

Commentaires

1. Le mercredi 6 mars 2013, 13:01 par Bill

Pourquoi faut-il que les très grands repas (j’ai un bon souvenir d’un dîner Au Petit Nice, sur la corniche à Marseille) fassent la part belle aux huitres, avec force iode, écrevisses, étrilles et autres saint-jacques ? N’est-il pas possible de faire tout aussi bien sans ? J’aurais bien troqué tout ça contre un deuxième segment de pamplemousse.