Hasard ?

Tout n’est pas hasard. Dans un précédent billet, j’évoquais le cas d’une phrase de La Conscience de Zeno d’Italo Svevo qui se trouve aussi mot pour mot dans Adolphe, de Benjamin Constant. Est-ce le fait du traducteur ? Est-ce Svevo, qui parlait français et qui pouvait très bien avoir lu Constant avant d’avoir écrit sa phrase ? Est-ce un pur hasard que je n’ai remarqué qu’en passant, alors que j’en ai peut-être ratés des dizaines d’autres dans mes lectures depuis ?

Autres exemples. Un collègue parisien rencontre fréquemment d’anciennes connaissances de lycée autour de Saint-Michel les week-ends où il retourne à Paris, et s’en étonne toujours. Si c’est un quartier où tous deux avaient des habitudes, rien d’incongru à ce qu’un samedi après-midi ils continuent à faire la même chose que quinze ans auparavant. Un soir, nous étions présents avec un autre collègue dans le même lieu, sans concertation préalable (et pour cause), et à notre grande surprise lorsque l’on s’est trouvés nez à nez. Pourtant Lyon n’est pas une si grande ville, nous habitons tous les deux en son centre, et les homosexuels représentent une minorité de la population.

L’être humain est nul pour se faire intuitivement une idée correcte de probabilités d’occurrence, ou de ce qui relève ou non d’un hasard au sens mathématique. La vie fait qu’on en parle pourtant ; qu’on s’en esbaudit.