Du parapente

Pour mes dix-huit ans, mon oncle et ma tante m’avaient offert un baptême de parapente. C’était à skis, cela avait duré très peu de temps (5 minutes), au-dessus de La Clusaz. Bon souvenir, mais bref.

Fort du goût de trop peu laissé par l’expérience, je rempilai pour une semaine de stage en école l’été qui suivit. Et une autre, une autre, et une autre, au point de devenir autonome. Avec des souvenirs magnifiques plein la tête. Brutalement, sur les coups de 21 - 22 ans, j’arrête tout. Les classes préparatoires ? D’autres centres d’intérêt ? Je ne m’en souviens même plus…

Il y a quelques semaines, à l’occasion des mes trente ans, je profite d’un nouveau vol en biplace offert par les amis lyonnais pour retremper dans cette activité oubliée. Et j’enchaîne une nouvelle semaine d’initiation, tellement c’est bon. Je m’aperçois que je n’ai pas tout oublié, hors l’essentiel des détails.

On n’est plus autonome, mais quelle importance ? On le redeviendra sous peu. On reprend ses repères, on retrouve des sensations, on se replante au décollage ou on s’y reprend à trois fois comme au bon vieux temps. (Là aussi, qu’elle importance ? Je préfère décoller parfaitement la troisième fois que mal la première.) On se souvient que l’atterrissage était un point fort ; il l’est resté : au troisième vol de jeudi, je savais poser seul.

Le parapente est un sport sympathique. Déjà, il ne demande pas d’effort physique particulier : regardez aux sites de décollage, vous voyez des jeunes et des papys, des gringalets, des bedonnants, des gravures de mode. J’aime beaucoup la subtilité, la finesse de cette activité : analyse des conditions météorologiques et aérologiques, technicité du décollage, pilotage en vol, construction des approches pour l’atterrissage, et en toute situation la primauté du regard sur le monde qui nous entoure. Après, on se fait aussi bien plaisir, entre les paysages de montagnes et les sensations fortes que peut procurer un vol un peu chahuté.

Le fait être à la merci du vent et du soleil, de devoir jouer avec eux, d’accepter éventuellement de ne pas voler si les conditions ne s’y prêtent pas concourent à la joie de la pratique du vol libre, avec ce simple tissu gonflé d’air au-dessus de la tête.