Forcalquier

Je me souviens de Forcalquier, qu’un collègue visite assidument ces temps-ci pour œuvrer sur un proche barrage. Il y a de cela plusieurs années, sur un coup de tête, un week-end prolongé où Lyon était déserté de nos amis, on partait gaiment dans le coin de Forcalquier.

Forcalquier a tous les dehors de la grâce sous-préfectorale : une concathédrale (l’évêque était aussi à Sisteron), un carillon au sommet de sa butte, près des ruines du château, un grand marché provençal, une magnifique petite maison de pierre très troisième république qui fait office de sous-préfecture (sans ce genre de bâtisse, pas de grâce sous-préfectorale, Toul devrait en prendre de la graine), et un endormissement plus que probable aux environs de novembre.

Repenser à Forcalquier aujourd’hui m’évoque par ricochet, avec un peu de mélancolie, le petit cimetière de Murviel-lès-Béziers où l’on a mis les pieds il y a quelques semaines. À Murviel, alors, je pensais entre autres aux haies d’ifs taillés du cimetière de Forcalquier, jardin remarquable, dont les loges pratiquées dans les arbres pour y caser des tombes sont plutôt émouvantes. À Murviel ce sont ces petites structures en fer forgé qui tiennent parfois lieu de pierre tombale, apparemment typiques de la région, qui donnent une bonne part de son charme au lieu.

À rebours du cimetière de Bruxelles, superbe parc avec ses arbres somptueux, ses massifs plantés, ses intimes sous-bois de mousse qu’il faut avoir vus une fois sous la pluie, le cimetière de Forcalquier tient plutôt du jardin à française. Les symétries, l’art topiaire à tous les coins d’allées, les pelouses impeccables et les vues dérobées lui confèrent cette digne élégance un rien austère.

Murviel, Bruxelles, Forcalquier : trilogie de cimetières certes, et pourtant trilogie de souvenirs de jours heureux.