Fontainebleau

Hasard : je suis amené à me déplacer, en ce moment, à quelques kilomètres d’où ont habité mes grands-parents et arrière-grands-parents, et où j’ai passé nombre de week-ends et semaines de vacances, enfant.

C’est à côté de Fontainebleau, sous-préfecture de Seine-et-Marne.

Fontainebleau est une ville moyenne, mais on la dit la plus vaste d’Île-de-France ; le bénéfice de la forêt probablement. Ville d’histoire, bourgeoise, dont le centre piéton et commerçant est très agréable à arpenter. Les rois ont séjourné en son château dès Philippe le Bel, Napoléon y a tenu sa cour. J’ai parcouru son parc qui vaut bien celui de Versailles, admiré les grandes pièces d’eau ; j’y ai nourri les carpes de morceaux de pain sec, enfant.

Fontainebleau a sa forêt, dont certains chemins sont noirs de monde le dimanche ; je me cachais dans les grands trous de son sol sableux, j’en ramenais des glands et des morceaux de bois, collections essentielles, enfant.

Fontainebleau avait son marché couvert, sous une halle, gracile nappe de béton et de pavés de verre, œuvre de Nicolas Esquillan (ingénieur, né à Fontainebleau, qui a notamment conçu la voûte du CNIT à La Défense). Fontainebleau devrait avoir honte de l’avoir laissée démolir, elle qui témoignait, par contraste, des sombres années 1940 par l’élégance sobre de sa ligne ; elle qui avait la beauté, les faveurs des Bellifontains et qui remplissait exactement sa fonction. Je détestais aller au marché le dimanche matin, mais j’aimais déjà beaucoup cette halle grise et translucide, soucoupe volante qui se posait légèrement sur ses petits pieds, enfant.