Soixante heures en Finlande

La ville moyenne de Pori, sur la côte ouest de la Finlande, arbore ostensiblement les appas de la sous-préfectoralité.

90 000 habitants, un aéroport minuscule dont les espaces de départs, d’arrivées, de zone contrôlée et de loueurs de voitures tiennent dans une unique pièce, quelques bâtiments emblématiques de style néoclassique (mairie, musée, usine peut-être reconvertie), un centre-ville moderne tristounet selon un plan en damier. Je n’ai trouvé d’autre restaurant que celui de l’hôtel qu’avec difficulté mais j’ai compté trois cinémas avec les dernières nouveautés à l’affiche, une salle où joue l’orchestre de chambre de la ville, et de nombreux bars. De quoi passer les soirées d’hiver.

Les quelques Finlandais rencontrés sont chaleureux, plus ouverts qu’on a pu me les dire ; ils parlent tous ou presque le suédois (langue officielle du pays avec le finnois), l’allemand, ainsi qu’un Oxford English charmant. Quoi de plus agréable ?

La grande route qui longe la côte ouest est l’équivalent d’une de nos modestes départementales, avec des limitations à 80 et souvent à 60 km/h qui allongent encore les distances. Olkiluoto, ma destination de travail pour deux jours successifs, est un lieu-dit où l’on ne trouve que quelques maisons au fond d’une presqu’île, avec la centrale nucléaire du même nom qui fait face à la mer à son extrême pointe. Les plates étendues de sapins mêlées de hautes herbes, les bras de mers gelés qui s’y engouffrent doucement se dévoilent le matin amollis par les brumes, ajoutant à la désolation de l’ensemble. Une fin d’après-midi j’aperçus deux cygnes qui avançaient prudemment puis se mirent à tenter un battement d’ailes, pour s’envoler peut-être ? J’entendais déjà monter dans le silence le mouvement lent de la cinquième symphonie de Sibelius, et sa longue ligne mélodique qui ne finit pas.