Hervé Guibert

Je lis des souvenirs d’Yvonne Baby, écrits sous la forme de courts portraits de gens plus ou moins connus qu’elle a côtoyés : À l’encre bleu nuit, aux éditons BakerStreet. Yvonne Baby a dirigé le service culture du Monde et y a fait entrer Hervé Guibert à la fin des années 1970. Je ne peux m’empêcher, à la lecture de ce petit livre, de penser à Guibert, à comment je l’ai découvert puis lu compulsivement, à la façon dont certains de ses écrits font toujours écho plusieurs années après les avoir lus.

L’anthologie de ses articles sur la photographie dans Le Monde, La Photo, inéluctablement, n’a pas été pour rien dans ma découverte et mon goût naissant pour la photo. Et ses Articles intrépides, autre anthologie de ses papiers, culture cette fois, quelle manière directe et franche d’écrire.

Le choc : le sida en pleine gueule, comment on en meurt à petit feu au début des années 1990, c’est À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie. Le grandiose et baroque Mausolée des amants - Journal 1976-1991, tout à la fois récit, mise en scène du sexe, de l’amitié, de l’écriture, et d’une vie débridée. La claque de cette écriture-scalpel à laquelle on ne voit pas de limite, à la relecture, je me dis que cela n’a pas vieilli. La simplicité, la liberté de ton, les phrases vous sautent à la jugulaire. Je me demande souvent quels écrivains ne seront pas oubliés à la fin du siècle, mais je mettrais un billet sur Guibert.