La doudoune

Totalement à contretemps de la température extérieure et des plus élémentaires règles de l’à-propos vestimentaire, surgit de nos jours et de par les rues cette incongruité gonflée et gilet-de-sauvetagesque : je veux bien sûr parler de la doudoune. (J’aime le zeugma, oui, et pour écrire façon Mauriac : il ne sera pas dit que vous n’en lisiez pas un autre d’ici la fin de ce texte.)

À moins éventuellement de devoir dévaler quelques pistes de ski ou de se lancer dans un trek en Antarctique, qu’a-t-on besoin de s’affubler partout de pareil accoutrement ? D’un babil incertain, bégaiement facile autant qu’approximatif, nait le mot doudoune au cours des années 1970 (m’apprend mon Robert). Que n’y est-il resté, et le vêtement qu’il désigne avec lui ! Certes, il pourrait vous arriver par très grand vent de chuter du pont Lafayette, dans le Rhône. Alors vous flotteriez, la belle affaire. Ce serait toujours ça de moins d’infligé à la vue des lyonnais, contrits par tant d’uniformité rembourrée sur le dos des passants. Mais, admettez, quelle vanité pour une si faible probabilité.

Reprenez vos vestes légères et seyantes ; vêtez vos rouges manteaux de printemps, tel l’arbre son vert renouveau foliaire : élégamment. Laissez, je vous prie, les boudins au charcutier.

Commentaires

1. Le samedi 5 avril 2014, 21:35 par Bill

Faut bien des boudins pour habiller les morues (comme on dirait à Marseille).