Chalon-sur-Saône

La dernière fois que j’avais visité Chalon-sur-Saône, c’était ma grand-tante Léone qui nous guidait. J’en avais gardé le souvenir d’une ville féerique où prince et manants vivaient heureux au bord de la rivière. C’est que Dominique Perben, alors maire, était ministre du gouvernement de monsieur Balladur. La fierté de ma grand-tante Léone m’avait impressionné lorsqu’elle nous avait montré sa maison : ministre du gouvernement de monsieur Balladur.

Qu’un ministre puisse être voisin d’un membre de ma famille, fût-ce ma grand-tante Léone, qui détonnait parmi mes collatéraux campagnards, avec sa crinière blanche, ses manières bourgeoises et son appartement sur la Côte d’Azur, qu’un ministre puisse croiser ma grand-tante au marché, c’était d’un merveilleux qui avait rejailli sur la ville.

Vingt ans plus tard, je craignais la déception : les années ont passé, Dominique Perben n’était pas un prince charmant, ma grand-tante Léone n’est plus. Je n’ai pas su reconnaître la maison du ministre, je n’ai pour tout dire rien reconnu de Chalon. Pourtant, ce dimanche, la ville m’est apparue vivante, coquette et joyeuse. Exactement comme l’était, il me semble, ma grand-tante.