Etre jeune à Avallon

Comment découvre-t-on le monde, jeune, dans une petite ville moyenne de province ? Question récurrente lorsqu’on fait le tour des sous-préfectures, et qu’on a soi-même grandi dans une agglomération de dix millions d’habitants. On s’imagine qu’il doit être difficile d’y explorer son homosexualité, qui passe en premier lieu par la rencontre avec ses semblables, par le contact avec le différent de la norme.

On marche dans le centre d’Avallon, un peu plus de 7 000 habitants, avec ce genre de pensées en tête. C’est dimanche, qui plus est jour de Carnavallon, mais on croise peu de passants. Vauban trône quasi seul en sa place, au bout de la promenade, entre magasins fermés et brasseries aux vérandas bordeaux oubliées.

On cherche un endroit où manger, on s’arrête dans une gargote qui annonce fièrement Produits frais sur toutes les ardoises. Le joli patron est manifestement confraternel, son copain est à l’une des tables et l’on ne tarde pas à voir s’asseoir à la table de derrière trois potes de 25—30 ans, charmants, du même cru.

Le repas fut bon. Le spectacle de la conversation voisine a pour un temps mis de côté les interrogations sociologiques.