Jean Pat

Jean Pat est sympathique. Il officie dans un bon bouchon lyonnais de la rue Mercière, et a déjà repéré de longtemps notre venue. Il vous parle à la troisième personne. (Et comment ils vont, les garçons ? Et qu’est-ce qu’il prendra ?) Je vous laisse imaginer le côté tactile qu’il associe à ses propos, lorsque vous êtes assis. Jean Pat était comme Paulette était à La Manille : une figure, avec sa gouaille qui semble indissociable des lieux. En son absence les choses sont moins fluides (voire merdent tout à fait), l’ambiance est plus à l’usine et la fête est bien différente.

La dernière fois que nous étions allés dîner dans ce restaurant, un ami s’était joint à nous. Même jeu à l’arrivée et pendant le service, d’ailleurs irréprochable. On a supposé que Jean Pat, dont la confraternité certes habituellement non feinte était ce soir-là plus que jamais exacerbée, n’était peut-être pas insensible au charme de l’ami en question. Est-ce ce trouble qui lui a fait nous demander trois fois où l’on partait en vacances ? Le coup de feu, plus vraisemblablement. Une main sur mon épaule il a fini par nous offrir le digestif (une première), avant de nous regarder partir pour une bonne semaine drômoise. Il est comme ça Jean Pat, sympathique.