Notes d'un automne londonien

La passion qu’ont les anglais pour les panneaux d’avertissement : cyclistes, ne doublez pas ce camion par la gauche ; attention, sol mouillé ; ne vous asseyez pas sur le mur, chute vertigineuse de l’autre côté. (Traductions de l’auteur.) Dans les toilettes de la Tate Modern, superbe centrale thermique magnifiquement réhabilitée, des gamins s’inquiètent des lavabos : Very hot water, very hot water, very hot water, hot water: come here!

Les chaînes de restauration londoniennes : Prêt À Manger, Le Pain Quotidien, Pâtisserie Valérie, Café Rouge, Paul. (En français dans le texte.)

Les toilettes publiques, incroyablement luxueuses, des parcs et jardins, avec ces chasses d’eau formidables : la cuvette est creusée de telle sorte que deux jets en font le tour pour se rejoindre à l’extrémité, tandis qu’un troisième très directif attaque directement la céramique. Comment croire qu’un peuple aussi avancé tarde à adopter, sans parler du mitigeur, au moins le mélangeur ? Dans la plupart des pubs, un robinet d’eau bouillante, un robinet d’eau glacée. Un mouvement habile des mains évite brûlures et engelures.

Ce disquaire de Soho où nous allons à chaque séjour et à qui, systématiquement, j’achète un disque de Leopold Stokowski : je me présente à la caisse, il me sourit et me salue, je lui tends mes disques, il voit le nom de Stokowski, cesse de sourire, me fait payer, et quitte la caisse sans me saluer.

Le complexe lié à mon anglais parlé, depuis que j’ai dû épeler un titre (Where is my cow?) à Alfred, un libraire philadelphien, pour qu’il finisse par me comprendre. La communication avec les commerçants anglais, comme la pédagogie : répéter de plus en plus fort et de plus en plus lentement, jusqu’à ce qu’on se comprenne. Une lueur d’espoir : en rentrant à Lyon, la serveuse de la pizzeria à côté de chez moi ne m’a pas compris non plus lorsque j’ai commandé mon dessert.

À Londres comme en France, le signe international de l’addition : gribouiller dans sa main avec un stylo imaginaire.