Quatre jours à Paris

Deux jours de travail, deux jours de week-end.

Je n’ai jamais habité Paris, mais dans la proche banlieue. J’y suis resté jusqu’à mes vingt ans, avant de venir à Lyon. Mes parents, mes grands-parents, y ont habité : les XIIe, XIXe, XXe arrondissements ; ma grand-mère Madeleine y vit toujours dans le même appartement, depuis plus de soixante ans. Ils y ont travaillé, j’y ai passé des heures, dans plein de quartiers. Alors c’est tout comme si j’étais parisien moi aussi ; je me suis toujours senti bien dans cette ville. Comme chez moi.

Lorsque j’avais une voiture il y a encore quelques années, je reproduisais les habitudes maternelles. Je roulais sans plan, je me garais dans les coins gratuits mais centraux ou dans ceux où l’on trouve facilement des places, derrière les ministères, près de la rue Saint Honoré. Où chez les grands-parents paternels, rue de la voûte.

Aujourd’hui je viens en touriste, et à pied. Le plaisir de la déambulation, des brasseries, des trottoirs, des squares, des coins perdus, des noms de rue poétiques, est intact et ne changera jamais.

J’essaie de mettre les pieds dans les arrondissements que je ne connais pas. La dernière fois nous avons marché dans les XIIIe et XIVe, il faudra y revenir pour dénicher d’autres endroits cachés, les petites maisons, les églises, les îlots commerçants inattendus qui surgissent au détour des rues.

J’aime découvrir des musées où je ne suis jamais allé. Je vous citerais peut-être quarante ou cinquante musées parisiens où je suis entré : nous en voyions un chaque mercredi après-midi lorsque j’étais enfant, avec Alix et sa mère, dont de nombreux confidentiels ou anecdotiques. Je n’avais jamais vu le musée d’art moderne de la ville de Paris jusqu’à hier. Chose faite, avec une magnifique exposition Sonia Delaunay. (Les collections permanentes sont aussi impressionnantes.)

Tropisme naturel, je reviens toujours dans les mêmes quartiers : le Marais et l’île Saint-Louis dont j’aime les hôtels particuliers classiques, le VIIIe entre les Champs-Élysées et l’opéra, les librairies et les étudiants du quartier latin et de Saint-Germain, tout les XIIe et XIXe, que je connais assez bien. J’ignore tout ou presque de certains autres : les XIVe, XVe et XVIe arrondissements.

Lundi et mardi soirs particulièrement, je pensais à Simenon, Modiano et Balzac, et à ce que la ville représente pour moi. Je trainais encore dans les rues à en admirer les beautés, à plus de minuit.