Ce qu'on devrait ne pas lire en 2015, dans les bons ouvrages comme ailleurs

On lira cette année un certain nombre de livres, magazines, journaux, textes imprimés ou sur internet. On aimerait ne pas y trouver certaines facilités, incorrections, tournures impropres.

Comme chacun sait… est une entrée en matière trop souvent suivie d’une expression qui vous fait bondir parce que non, vous ne saviez pas. Chacun ne sait pas toujours.

Échecs. Et le reste n’est qu’une question de technique. est une conclusion souvent placée à la fin d’une partie dont le commentateur n’a pas la place, ou l’envie, de commenter tous les derniers coups joués. Cette phrase semble indiquer que la fin de la partie en question est simple, or fréquemment lorsqu’on la lit même pour les meilleurs joueurs la partie sera complexe à terminer, il faudra déployer toute son intelligence pour la gagner. Commentateurs paresseux, n’abusez pas votre lecteur. Particulièrement avec des phrases qui disent l’opposé de ce que vous vouliez dire.

Notes de bas de page. On souhaiterait justement les lire en bas de chaque page d’un livre et non en fin de volume. Quel tue-l’amour que de devoir faire le va-et-vient entre ce que vous lisez et un ensemble de notes regroupées ! Cela nécessite deux marque-pages (à moins de traîner à chercher partout à quelle note vous en êtes) et, surtout, cela casse l’élan de la lecture.

Échecs, suite. Dans bien des films et romans on trouve une scène où deux personnages jouent aux échecs. Qu’un romancier ne sachant pas jouer aux échecs veuille inclure un tel passage dans son livre ne pose aucun problème. En revanche, il doit respecter le vocabulaire du jeu : en français, les noms des pièces sont roi, dame, fou, cavalier, tour et pions. Pas de reine ni de cheval ! Soit dit en passant, en allemand la dame est die Dame, alors qu’en anglais c’est la reine, the queen. Le cavalier est également un cavalier en anglais, a knight, alors qu’en allemand c’est un sauteur, ein Springer. Le fou [du roi] français est un évêque en anglais, a bishop (en portugais et en islandais également), tandis qu’en allemand il est nommé der Läufer, le coureur (comme en néerlandais, danois, suédois, hongrois…). Les tours sont également des tours en allemand, Türme, mais pas anglais où l’on dit rooks. Le mot vient du persan et désigne un char de guerre comportant une fortification, tiré par des éléphants. Les éléphants ont disparu et la tour est restée. Les pions, pour finir, en sont aussi en anglais, pawns, mais ce sont des paysans en allemand, Bauern.

Passages en grec ancien, latin ou tout autre langue, non traduits. On en voit encore dans pas mal de livres de sociologie ou philosophie, plutôt dans des éditions qui commencent à dater, mais pas seulement. Le lecteur n’est pas toujours polyglotte, et même s’il a fait du latin, ce n’est pas une raison pour supposer qu’il le maîtrise encore sur le bout des doigts au point de traduire Sénèque à vue.

Soyez pédagogues, le lecteur adore apprendre, tomber sur un détail dont il n’avait pas connaissance, découvrir des subtilités. Et vous le flatterez en expliquant des choses qu’il sait déjà.