Étampes

La route de Seine-et-Marne à Orléans peut passer par Étampes. Cela faisait des années que je n’y étais venu, depuis le temps de l’enfance où ma mère avait une collègue qui y habitait et que j’ai vue une ou deux fois ; le caractère sous-préfectoral de la ville était tout indiqué pour un arrêt.

La ville est dotée d’un patrimoine architectural et religieux important, résultat de sa longue histoire ; on y verra notamment trois belles églises en plein centre ville, dont Saint-Gilles en rénovation, bien étayée. Plusieurs édifices de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance attendent aussi le touriste amateur de belle pierre.

Mais nous avons eu froid à Étampes et les nombreux lieux fermés ont pressé notre visite. La recherche d’un café fut accélérée par le besoin d’un peu de chaleur et les contingences physiologiques. Le rade où nous atterrîmes était bondé et en tous points typique. Moyenne d’âge 55 ans, essentiellement des messieurs, plusieurs avec un ballon de blanc au comptoir. Il devait être 11h30, jusque là rien que de bien classique. Peu de voix haussées, nous étions lendemain de fête, mais une chaude conversation emplissait la salle tout en longueur de l’établissement. On allait finir nos cafés lorsque Robert s’adressa un peu fort à Germaine, attablée de l’autre côté de l’allée centrale du bistro, avec un regard gourmand dont on ne savait trop s’il était de simple envie ou d’imbibition :

Ce qu’il faudrait qu’on essaie, c’est la Suze royale. J’ai vu ça l’autre jour, t’en a déjà bu ?

Germaine répondit par la négative, le cafetier n’en avait pas et l’échange tourna court. Robert rentra les épaules dans son manteau et se réfugia dans la torpeur de ses pensées. Ainsi va la gloire du soiffard.