Relire

J’entends souvent les arguments invoqués par les relecteurs : relire un grand livre, ou un livre qui vous a beaucoup plu, permet d’en découvrir de nouvelles facettes ; il vaut mieux relire un grand livre que lire de nouveaux moins bons.

Je ne suis pas un relecteur ! La vie est trop courte pour que l’on se prive d’embrasser le plus de littérature possible, de littérature toujours renouvelée s’entend : à raison d’une centaine de livres par an au plus, l’horizon de lecture est limité, environ 7 000 ouvrages, relectures comprises (et encore, je suis large). C’est bien peu. Il y a des pays dont je ne connaîtrai jamais la littérature ! Des écrivains de génie dont je ne parcourrai pas la moindre phrase ! Quel scandale ! Du moins… je ne me croyais sincèrement pas relecteur, jusqu’à ce matin lorsqu’au réveil je me surpris à vagabonder en pensée dans les relectures de ces dernières années. Je dus me rendre à l’évidence.

Il y a une masse importante de livres que j’ai lus deux fois. Quelques titres en vrac : Carrousel-des-anges, Du côté de chez Swann, La Vie mode d’emploi, La Vie de Liszt est un roman, Dictionnaire égoïste de la littérature française, Alcools, Le Père Goriot, Quatrevingt-treize, Non, je ne suis pas un excentrique, La Légende des siècles, Le mausolée des amants, Les Fleurs du mal, Le Testament français, Les Trois mousquetaires, Les Braises, Kaputt, Antimémoires, Le Moulin et la rivière, Rebecca, La Condition humaine… Certains livres, je les ai même lus trois fois et parfois plus : Vents, À l’est d’Éden, Le Petit Prince, L’occupation des sols, Mont-Oriol, les Fables de La Fontaine, Le Nom de la Rose, j’en oublie forcément.

Si j’écrivais un billet similaire dans vingt ans, ces listes seraient certainement bien différentes ; aujourd’hui déjà il ne me viendrait aucunement à l’idée de relire quelques-uns des titres cités ; il n’en reste pas moins que comme de nombreux lecteurs je relis.