Jeunes années

À l’occasion d’un séminaire, j’ai rencontré un ancien camarade de classe préparatoire. Il est aujourd’hui consultant indépendant et a contribué à l’organisation de la journée pour mon entreprise. Nous nous sommes vite reconnus bien que quittés il y a près de vingt ans. J’en ai été passablement amoureux, il est hétéro bien évidemment. Je n’avais rien dit, je crois bien qu’il avait tout compris, je sortais d’une période difficile.

Ce midi, nous nous sommes remémoré assez longuement cette période particulière de deux ans où l’on a fait nombre d’activités ensemble, joué au tarot, ri, et tout de même appris deux ou trois choses de mathématiques et de physique. Au cours de la discussion, il a évoqué l’un de ses amis qui a fait l’école Centrale de Paris avec lui. Il se trouve que ce garçon-là a été mon camarade au collège et que j’en ai été vraiment proche, disons l’un de mes deux ou trois meilleurs amis à l’époque. Oui, j’en ai aussi été amoureux et je reste persuadé que c’était réciproque ; que voulez-vous, on n’ose pas toujours s’approcher quand on a douze, treize ans.

Dans une frénésie vaine, sur mon trajet de retour vers Lyon, je recherche (sur un réseau social professionnel bien connu) d’anciens camarades de ma période scolaire. Moi qui ai une excellente mémoire des visages mais une si piètre mémoire des noms et prénoms, j’en trouve, dont les deux cités. C’est une bouffée de nostalgie étonnante qui m’envahit, j’ai revécu un moment une part de mes treize ans, de mes vingt ans, replongé malgré moi dans un autre monde qui a pourtant été le mien.

J’ai peu été attentif au séminaire. Que sommes-nous devenus ? Où habitent les gens, quelle est leur profession, qu’aiment-ils, qui aiment-ils ? Qu’avons-nous fait de nos quarante ans passés ? Pourquoi ne t’ai-je jamais dit ce qui me portait vers toi ?