Anciens et modernes

Un ami lecteur m’a souhaité pour l’année nouvelle « plein de lectures de classiques, et quelques-unes pas classiques ». Lui qui n’en lit quasiment pas, de « classiques », il m’a immédiatement fait penser à une connaissance qui nous avait lancé il y a des années un plutôt méprisant « Mais vous, vous ne lisez que des classiques de toute façon ! » comme si cela avait quelque chose d’infamant, de vieux con.

Je n’imagine pas ne pas lire de livres écrits par des auteurs de mon temps ; je n’imagine pas ne pas lire de livres plus anciens. Les livres que j’ai lus ces dix derniers jours ont été écrits dans les années 1650, 1830, 1950, 1970, 2000 et 2010. Il se trouve que l’on commence à avoir du recul pour juger assez bien, disons, ce qui est paru il y a un demi-siècle et avant. Cea aide donc à s’orienter, pourquoi s’en priver ? Ne lire que des parutions de 2023 me déplairait : il y aurait du déchet. Ne pas en lire m’attristerait tout autant : je veux pouvoir entendre la voix de mes contemporains écrivains même s’il est moins facile de les choisir. Pour les deux personnes que j’ai citées, il y a sûrement un peu de ce préjugé que les anciens seraient moins plaisants à lire que les contemporains, car seuls les écrivains de 2023 sauraient s’adresser à des êtres vivants en 2023. Voire.

En 2024, ne vous enfermez pas et n’enfermez pas. Lisez de la bande dessinée, de la poésie, des livres d’histoire, d’art, de science ; lisez des romans. Lisez les anciens, lisez les modernes, tous vous parleront. Le contemporain n’est peut-être pas celui que vous croyez.