Erreur d'orientation

J'aurais bien aimé être musicien, entrer sur scène en habit sous les applaudissements et faire des miracles. Beethoven est mort et n'est plus que poussière, quelques grains tachetant une portée, mais de son souffle le flûtiste le ressuscite, tandis que les premières gouttes de pluie tombent des cordes staccato, le tonnerre gronde au loin dans les contrebasses, les notes s'envolent comme des hirondelles d'un fil électrique, elles zigzaguent entre les éclairs que frappent les timbales.

Juste après Dieu et magicien : musicien.

Au lieu de quoi, je suis informaticien et, la journée longue, je fais apparaître sous mes doigts des bogues et des vermines, certains anecdotiques et rigolos, comme de mauvais garnements qui tirent la langue aux passants, d'autres énormes et terrés qui, murènes monstrueuses, attendent l'instant où ils surgiront pour dévorer un banc de données. Tantôt Docteur Frankenstein, tantôt Garcimore, je persécute mes créatures et je m'empresse de remettre dans mon chapeau le lapin qui louche.