La fête des lumières

En quelques années, la fête des lumières est devenue un événement touristique, commercial, international. Cela n’empêche pas que le côté bon enfant perdure : l’ambiance reste familiale, les foules souriantes ne se pressent pas au point de s’écraser les unes les autres. De même pour le religieux : les églises sont ouvertes tard le soir, on dit toujours bien merci à Marie sur les affiches et en capitales à la droite de la basilique de Fourvière, et les bonnes sœurs chantent faux en s’accompagnant à la guitare à certains coins de rue.

Il y a dix ans, on ne voyait pas ces marées humaines se presser dans les restaurants, qui pratiquent souvent des prix outrés pour l’occasion, ou devant les bouches de métro ; ni ces autocars garés en chapelets sur les ponts et les quais. Il y a cinq ans, on commençait peut-être à constater le caractère répétitif de certaines illuminations, notamment celles qui soulignent les traits de façades de monuments emblématiques de la ville (cathédrale Saint-Jean, théâtre des Célestins). On allait les regarder, on continue à le faire, c’est souvent réussi.

Ces dernières années la musique est très présente, bien souvent trop forte. C’est en général au détriment de l’installation lumineuse, qu’elle plombe (par exemple, pour le cru 2014 : les centaines de planètes de la place Antonin Poncet sont gâchées par un tonitruant zim-boum-boum orchestralo-cataclysmique). Il arrive aussi que la musique veuille masquer les faiblesses d’une illumination (cette année : les bambous et leurs bruitages de la place de la république).

On recherchait déjà les installations modestes, plus calmes, les plus poétiques en général (pour 2014 : les tutus de la place Sathonay, le champ de lavande en forme de cœur de l’amphithéâtre des trois Gaules). On le fait toujours aujourd’hui et avec bonheur, car les créateurs originaux sont heureusement toujours présents.