Hier, je suis passé à la Dent du Chat

Enfin, 200 mètres au-dessus.

Au départ du décollage d’Aiguebelette, aller jusqu’à la Dent du Chat et revenir est un petit cross très classique en parapente. Pour un débutant en cross comme moi, c’est un très beau vol. Voici la trace de ce vol, ici.

Il s’agit de remonter la crête de l’Épine vers le nord, et il faut commencer par prendre un peu d’altitude pour passer un bon bout de forêt, avant de longer la crête. Hier, les conditions étaient sportives : 20 à 25 km/h de vent du nord (sachant qu’une aile de débutant comme la mienne avance à 30 km/h environ, en allant plein nord vous êtes très contré par le vent), thermiques de printemps toniques, les ascendances sont puissantes mais les descendances tout autant. Avec le fort vent qui couche tout cela, pas facile à comprendre et bien repérer les ascendances. Je suis donc bien fier de moi.

Une fois la Dent atteinte, le retour est plus facile : vous avez le vent dans le dos ; sur mon parcours d’hier j’ai atteint une vitesse maximum de 57 km/h. C’est pas de tout repos non plus ! Il faut reprendre les ascendances thermiques que vous avez repérées à l’aller, et à 50 km/h vous passez dedans et pouvez en ressortir vite, il faut être réactif pour enrouler le thermique (c’est-à-dire faire des virages dans l’ascendance pour monter).

Vous repassez dans la zone du décollage (à ce moment j’avais une bonne réserve d’altitude, je suis passé environ 600 mètres au-dessus), et il est temps d’aller faire un tour vers le lac d’Aiguebelette.

Oh, je ne dis même pas l’essentiel : les paysages sont magnifiques ! Vue sur le Mont Blanc au nord est, sur la Chartreuse et Belledonne en regardant vers le sud, vers Lyon à l’ouest à quelques dizaines de kilomètres à vol d’oiseau, et sous les pieds les deux lacs du Bourget et d’Aiguebelette de part et d’autre de la crête de l’Épine le long de laquelle vous progressez.

Le long du lac, donc, la crête se poursuit jusqu’au Mont Grêle et se termine au Mont Beauvoir plus au sud. Je me suis arrêté au bout du lac, un peu crevé, avant la montée vers le Mont Grêle. Le passage des lignes à haute tension du Mont Grêle est paraît-il bien plus facile que l’aller retour à la Dent du Chat, les camarades du club m’ont dit que ça montait tout seul, mais ce sera pour une prochaine fois. Je préfère progresser par étapes et ne pas risquer le coup de fatigue inopportun en vol (crampes, crispation ou simplement inattention peuvent vite arriver après une heure et demie de bataille dans le vent et les thermiques).

Retour le long du lac, un petit crochet au-dessus de l’autoroute pour être certain que mon parcours fasse un triangle, et posé après bien des difficultés (ça montait partout au dessus de l’atterrissage… je n’ai pas eu à faire de virages à 360° pour perdre mon altitude, mais je voyais venir le moment où j’y aurais droit).

À l’aller comme au retour, j’ai cru deux ou trois fois que j’aurais à poser dans un champ (me vacher, en jargon de parapentiste), mais j’ai trouvé à chaque fois de quoi reprendre de l’altitude. J’ai eu une fermeture d’une demi aile : l’aile se replie… cela arrive parfois, en particulier dans des conditions thermiques fortes comme hier, j’ai poussé un petit cri peu viril que j’ai seul entendu, l’aile s’est réouverte en deux secondes, je pense n’avoir même pas perdu d’altitude durant la péripétie.

Une pensée pour Julien, avec qui je vole habituellement : il n’est pas parti assez tôt et les conditions au décollage sont restées très turbulentes tout l’après-midi, ce qui l’a fait attendre jusque vers 19 heures pour décoller. À cette heure-là et à notre niveau, il n’y a plus suffisamment d’activité thermique pour espérer faire un cross.

Un mot sur le triangle : le vol vous donne plus de points à la coupe de distance de la fédération de vol libre, vous multipliez le nombre de kilomètres par 1,2 par rapport à un vol en ligne droite. Bon, je dois être pour l’instant 1232e sur plus 1700 pilotes, alors c’est vraiment pour l’anecdote…