Un Paris - Lyon

 

Récit.

Jeudi soir, je devais rentrer de Paris à Lyon en prenant un TGV qui a été annulé pour cause de grève. La veille, je change mon billet pour un TGV qui partait le vendredi matin aux aurores, finalement annulé lui aussi. Après une nuit de trop à Paris, il fallait bien revenir ; tout étant complet ou annulé, trains comme avions, je n’avais plus beaucoup de possibilités. Je devais travailler, j’ai donc opté pour le Paris-Lyon en TER. Il existe toujours pour au moins deux raisons : tout le monde ne souhaite pas ou n’a pas forcément les moyens de faire le Paris-Lyon en TGV, qui reste l’un des trajets de train en France les plus chers au kilomètre ; par ailleurs, certaines gares du parcours toujours demandées par les voyageurs ne sont desservies que par ce train, que ce soit au départ de Paris ou de Lyon.

Va donc pour un Paris-Bercy - Lyon Part-Dieu en quelque cinq heures et six minutes, et en première encore ; belle perspective d’une matinée de travail à travers les paysages bourguignons.

Vendredi matin, contrairement à mon habitude (les nombreux allers-retours à Paris tôt le matin m’ont fait au fil des ans optimiser mes arrivées en gare : je n’arrive que cinq minutes avant le départ de mon train), j’ai beaucoup d’avance lorsque je débarque dans le petit hall de la gare de Paris-Bercy. Je ne le savais pas, mais c’était pour le mieux : mon train partait finalement de Paris gare de Lyon, et personne ne m’avait prévenu. Le personnel de bord ne le savait pas non plus : j’ai remonté à vive allure la rue de Bercy avec deux contrôleurs qui prenaient le même train que moi.

En gare de Lyon, mon train est annoncé au départ et à l’heure. Malheureusement il ne va pas jusqu’à Lyon mais s’arrête à Laroche-Migennes, petite ville près d’Auxerre qui est restée, depuis plus de 150 ans maintenant, un nœud ferroviaire important entre Paris et Lyon. Je monte dans le train, n’ayant guère d’autre choix. Il ne comprend aucune première mais a le mérite d’être quasi-vide. De plus c’est presque un direct avec ses seuls arrêts à Sens et Joigny, avant Laroche-Migennes. Imaginez : habituellement le Paris - Laroche-Migennes s’arrête aussi à Melun, Bois-le-Roi, Fontainebleau-Avon, Moret-sur-Loing-Veneux-les-Sablons, Saint-Mammès, Montereau-Fault-Yonne, Villeneuve-la-Guyard, Champigny-sur-Yonne, Pont-sur-Yonne, Villeneuve-sur-Yonne et Saint-Julien-du-Sault. Oui, vous pouvez vous arrêter jusqu’à quinze fois avant d’arriver à Laroche-Migennes en venant de Paris. J’ai gagné un certain temps en ne m’arrêtant que deux fois.

Nous roulions au pas jusqu’à Villeneuve-Saint-Georges, en banlieue parisienne, jusqu’à devoir nous arrêter pour cause de personnes sur les voies. Après intervention des forces de police et une bonne demi-heure plus tard, le train a pu repartir jusqu’à Laroche-Migennes.

Laroche-Migennes, une heure quinze d’arrêt. Je repars vers Lyon dans un TER qui vient de Paris (…), bondé, et sans plus de voiture ni de place de première. Je reste debout jusqu’à Beaune avant de trouver une place assise. Pour cette portion du trajet, j’ai le droit à toutes les gares du parcours avant d’arriver enfin à Lyon : Saint-Florentin-Vervigny, Tonnerre, Nuits-sous-Ravières, Montbard, Les Laumes-Alésia, Dijon-ville, Beaune, Chagny, Chalon-sur-Saône, Tournus, Macon-ville, Belleville-sur-Saône, Villefranche-sur-Saône, Saint-Germain-au-Mont-d’Or.

Arriver, enfin ? pas tout à fait. En gare de Villefranche, il reste des gens dans les couloirs dont un groupe de jeunes filles qui semblait se rendre dans un camp de vacances, ou l’équivalent. Elles voulaient descendre. Elles n’ont pas bougé assez rapidement, le train a redémarré, la première d’entre elles a immédiatemment tiré le signal d’alarme, avec la ferme intention de descendre malgré le départ du train. Arrivée du chef de bord, furieux, qui la tance, lui signifie qu’elles ne pourront descendre qu’au prochain arrêt. Le train était encore à moitié à quai, elles ont finalement pu descendre à Villefranche après petite négociation. Une demi-heure plus tard, le signal d’alarme était réparé et le train repartait sans plus d’encombre vers son terminus.

J’ai mis sept heures et seize minutes pour rejoindre Lyon en partant de Paris, en train.