Le cadeau de Mireille

Lorsque j’étais enfant, mes grands-parents ont comme d’autres été mis à contribution pour me garder, en particulier les mercredis où il n’y avait pas classe et à l’occasion de petites vacances scolaires.

Roland m’a laissé jouer très tôt avec ses outils de menuiserie et tapisserie. J’avais peut-être 5 ou 6 ans, je bricolais de petites choses de rien du tout avec des chutes de bois, ses scies, ses râpes et ses ciseaux. Je suis encore stupéfait aujourd’hui de l’inconscience de mon grand-père, et de ne m’être jamais blessé… Chez les grands-parents maternels, quelques années avant, Guy et Mireille s’amusaient de me voir jouer avec leur essoreuse à salade. J’aimais aussi énormément celle qu’on avait chez mes parents, qui était plus grande et avait une qualité supérieure à mes yeux : elle était, comme beaucoup d’objets ménagers en plastique des années 1970, orange. Comme chacun sait, il n’est pas de plus belle couleur.

Mireille et Guy avaient fini par comprendre que mes parents voulaient réserver à la cuisine les ustensiles qui me plaisaient et m’occupaient parfois longtemps. Cela conduisit donc Mireille à m’offrir pour mes trois ans une essoreuse à salade, pour mon seul usage récréatif. Ma mère, qui ne comprit pas ce cadeau pourtant logique, le regardait mi-amusée mi-consternée. L’essoreuse (certes rouge) m’a beaucoup servi.

Post-scriptum. L’essoreuse à salade parentale commençait à prendre de l’âge. Mes parents finirent par utiliser celle que j’avais reçue en cadeau, au désespoir de Mireille. Entre temps j’avais grandi et changé de jeux.