Plier des draps avec Mireille

La première fois que j’ai plié des draps, c’était certainement avec ma mère. Je ne m’en souviens pas, mais me rappelle au contraire très bien de cette activité domestique pratiquée avec Mireille : elle jouait au jeu qui consiste, sans en avoir l’air, alors que chaque plieur tient les coins dans ses mains, à tirer d’un coup sec pour faire lâcher prise à l’autre. Cela me faisait beaucoup rire quand j’étais enfant, et trente ans plus tard je joue au même jeu. Pimentons notre quotidien, égayons les tâches ménagères avec ce qu’il faut de loufoquerie modérée que personne ne soupçonne (hormis peut-être vous, lecteur).

Mais je m’endors sur mon sujet et si le lit est fait, les draps propres et secs ne sont pas encore pliés.

Fabrice a parfois perdu son âme d’enfant. Lui, en pareille situation, m’assure systématiquement que si j’ai le côté avec le pied de la housse de couette, je n’y arriverai pas. Rengaine infondée, c’est l’exact inverse ! il n’a pas le coup de main et patauge dans les pans de tissu surnuméraires. Son jeu est nettement moins drôle, vous en conviendrez, d’autant moins connaissant ma légendaire dextérité drapière. Ne riant pas toujours des mêmes choses, on n’en finit pas moins dans de beaux draps.