Le chien de monsieur Vialatte

Mais nous dissertons sur le chien sans l’avoir vraiment défini. Ce qui peut paraître peu scientifique. C’est que tout le monde a la notion de chien. Si on ne l’a pas, on peut y suppléer, en gros, en imaginant, par exemple, un éléphant sans trompe et sans défenses, qui serait cinq mille fois moins lourd. Ou un crocodile africain sans plumes, sans ailes ; avec la gueule moins longue, la queue plus courte et les pattes plus hautes, qui aurait la taille du chien qu’on cherche à concevoir. Ou encore un lapin géant, modifié pour les besoins de la cause. On peut aussi prendre un bouchon et y planter quatre allumettes qui feront les pattes. Résumons-nous : toutes les méthodes sont bonnes si le résultat est vraiment ressemblant.

Alexandre Vialatte, chronique dans Le Spectacle du monde, n°83, février 1969