Montbrison

Paris n'est plus habité que de figurants qui rejouent pour nos souvenirs les plus belles scènes de nos films préférés. Ils semblent persuadés qu'ils vivent leur vie, et veulent sans doute nous en convaincre : ils achètent des baguettes chez des boulangers ; ils roulent à scooter dans des rues pavées, croisent des voitures de police dont les sirènes font pin-pon ; ils rejoignent leurs fiancées qu'ils embrassent à pleines bouches sur les berges de la Seine. Tous ces pluriels semblent des fautes de français, ce ne sont que des restes de vaudevilles.

D'autres villes doivent ainsi être tant imbibées de fiction que leur quotidien dégouline d'intrigues : New York, Los Angeles, Venise... Montbrison, aussi.

Mais, qu'on me pardonne, Montbrison sort d'un film de John Carpenter. C'est un gros bourg ancien et médiéval : des remparts délabrés penchent sur une rue qui ne connaît pas l'asphalte ; le Palais de Justice a l'air du manoir du notaire où l'on s'abrite quand la bête rôde ; le centre-ville n'est que ruelle et escaliers, d'où les voitures sont tenues à l'écart. C'est un village-musée, comme il y en a bien d'autres, mais qui tient de ces musées reculés où le visiteur annuel presse le pas, pour fuir le vieux gardien bossu autant que la collection de monstres dans le formol.

Un répit vient quand on croise les premiers habitants : la ville n'est pas morte, puisque voici des lycéens, des collégiens qui fument en cachette pendant leur pause-repas. Mais soudain l'horreur croit : dans cette ville sèche comme un coquillage abandonné, il n'y a qu'eux, accrochés à la pierre, ces adolescents mous, partout, qui semblent avoir vidé la ville de sa chair, de sa moelle, de sa vie. Où sont les adultes ? les personnes âgées ? les animaux domestiques ? Il n'y a que ces êtres hybrides et flasques qui vous regardent passer avec un air nonchalant de prédateur qui a tout son temps.

Montbrison, c'est l’Antre de la folie, c'est le Village des damnés, c'est la sous-préfecture de la Loire.

Commentaires

1. Le mardi 7 juin 2011, 22:48 par Pierre

Un fait historique notable peut toutefois être attribué à ce village, j'y ai passé mon permis auto avec brio. Ceci explique probablement la fadeur de la vie à Montbrison depuis cet évènement majeur, et ce malgré le Silver Complex, la boîte branchée des montagnes de soir.

2. Le jeudi 9 juin 2011, 23:19 par Pierre

Le message ci-dessus n'est pas de moi.
Bon, ok; et concernant Montbrison? Et bien lorsque j'étais en en stage, aux environs de l'an 2000, mon maitre de stage avait failli m’amener à Montbrison (alors siège de l'agence régionale SAUR), mais en fait il avait du changer la date et du coup pas possible, pas de Montbrison. Rude. Ton post, qui aurait pu me remonter le moral à l'époque, a environ 11 ans de retard. Pfff.
Et à cette époque, Lepers avait dejà 11 ans de QP1C. Tous les 11 ans un évenement incroyable, donc; incroyable cycle, majestueux qui se conclue(ou pas) par ce post.

3. Le jeudi 9 juin 2011, 23:20 par Pierre

conclut, ouch

4. Le dimanche 12 juin 2011, 18:25 par FabriceD

Il y a plus de Pierre sur ce billet que dans un jardin japonnais.