Au salon

Une jeune fille détestable et énervée m’a coiffé. Elle pinaillait, contestait mes propos, tout était motif d’agacement. Elle a voulu savoir immédiatement après que je me suis assis s’il faudrait mettre du gel, de la brillantine ou que sais-je encore (ça conditionnait peut-être le choix du shampoing ?). Ou ne rien faire. Parfois on en met, parfois non. Ce n’est pas une science exacte, un peu de hasard ne nuit pas aux choses capillaires et le gel vit bien l’indécision. J’ai eu le dilemme assez fréquent ciseaux/tondeuse, et là encore j’ai dû faire un éloge inattendu du non-choix. Ma dérision a été mal acceptée. Lorsque je fais un dessin à intégrer dans une note de calcul, le lecteur se moque éperdument qu’il ait été réalisé avec SketchUp, Paint, ou avec un crayon et une règle, dès l’instant que le dessin porte clairement l’information. (D’ailleurs, je dessine le plus souvent avec feutres et stylos, j’en aime le côté artisanal, et j’essaie de faire en sorte que le résultat soit beau.) Après constat de l’état de mon cuir chevelu et de la sécheresse du cheveu, la jeune fille a posé un flacon de shampoing spécial cuirs chevelus sensibles sur sa tablette, me l’imposant presque, et s’est mise à la coupe. Il a trôné là un bon quart d’heure. Au moment de partir, j’ai hésité avant de le saisir finalement. Je compris à la caisse. Mes cheveux allaient avoir le privilège d’être lavés avec un produit dont le prix au kilo approche celui du caviar. La jeune fille m’avait surtout distrait.