Bête traquée

Où l'on prouve qu'une conspiration mécanique veut faire taire l'Auteur !

Ils sont sur mes traces.

Je ne sais pas trop qui ils sont, mais ils sont derrière moi, en permanence, je les sens. Et ils m'en veulent. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce que je leur ai fait. J'essaie pourtant d'être gentil. De ne pas me faire d'ennemis. De survivre. Mais ils m'ont pris en grippe. Ils se rapprochent. L'étau se serre. Le piège se referme.

Depuis longtemps, je vois partout les marques de leur passage dans ma vie. De moins en moins discrètes, de plus en plus spectaculaires. Envahissantes. Dans le métro, dans les centre commerciaux, à Carrefour, même ! Mais ils gagnent en audace. Ils passent à l'attaque. Ils ont trouvé mon point faible, ils ont décidé de l'utiliser, de m'éliminer.

Les fabriquants d'élévators veulent ma mort !

J'ai cru que c'était un accident, hier, quand je descendais un de ces engins de destruction (métro Bellecour, entrée Pl. Antonin Poncet, fuyez !). Un de ces accidents cons, comme il m'en arrive tant chaque jour. Une coïncidence, pour ainsi dire. Je descendais, inconscient du danger, la main sur la main courante - comme il est dit sur le mode d'emploi. Et ils ont frappé. Ils ont fait aller la main courante un tout petit peu plus vite que l'escalator. Les salauds ! L'escalator aurait fait quoi ? cent, cent-cinquante mètres de plus, je me serais retrouvé à plat ventre ! Et, en bas, les mâchoires infernales du machin à récupérer les mégots de cigarettes m'auraient déchiqueté vivant !

Et moi, sot que je suis, j'ai voulu ne voir là qu'un problème technique indépendant de leur volonté ! J'ai ignoré le danger !

Alors ils en ont profité. Ils ont retenté leur chance.

C'était ce soir, au Carrefour de la Part-Dieu, je montais au rayon alimentaire sur ce qu'ils appellent le translator - le nom seul fait peur, non ? On dirait un méchant dans Goldorak, j'aurais dû me méfier. Je montais, donc. Mais ma main, sur la main courante, montait moins vite que moi ! Je l'ai dépassée ! J'ai manqué me déboîter l'épaule, j'ai manqué tomber à la renverse, j'ai manqué y rester ! Ils ont manqué m'avoir !

Aussi vous le dis-je, Lecteur : si je venais à disparaître tout soudain, qu'on envoie la maréchaussée aux sièges des société Otis et Schindler, qu'on interroge leurs dirigeants, qu'on inspecte leurs archives ! Ils m'auront eu !

(Une exception notable, néanmoins : si mon nouveau stagiaire venait à disparaître en même temps que moi, qu'on ne dérange pas la force publique. Car c'est moi qui l'aurait eu.)

Commentaires

1. Le mercredi 18 mai 2005, 09:06 par MonsterBill

C'est en effet une conspiration. Et sache que tu n'es pas seul, cher FabriceD. Ils en veulent à beaucoup plus de monde que ça. J'y vois là une attaque envers l'Europe entière (les escaliers mécanique de Prague sont eux aussi des armes malicieusement affûtées), voire même contre la planête.

2. Le mercredi 18 mai 2005, 10:17 par Tofe

Tu as tout mon soutien. Fais attention, il y en a aussi à Cologne. Mais il faut garder espoir: j'ai vu plusieurs escalators, vaincus par la maintenance, éventrés, dépecés. L'avenir n'est peut-être pas aussi noir qu'une rampe d'escalator !

3. Le mercredi 18 mai 2005, 11:21 par Xavios

Aha ! Tu n'étais pas à la PArt Dieu aussi hier, entre midi et deux ?

Car j'ai remarqué un charmant jeune homme, au 3ème niveau, et de profil, je me suis dit : Tiens, ce beau brun ressemble à FabriceD... Hmmm... Mais il semble accompagné d'une jeune femme... C'est lui ou c'est pas lui ?

Quoi qu'il en soit, parmi tous les hommes qui passaient, c'est lui qui a attiré mon regard. Normal, si ce n'était pas toi, il te ressemblait ^_^

4. Le mercredi 18 mai 2005, 20:39 par FabriceD

Xavios !!! C'était moi avec ma collègue Leslie ! Falait hurler mon prénom ! courir vers moi les bras grand ouverts ! faire un signe !