Vent d'été

Rien à voir avec des troubles digestifs.

Être trois fois rien. Une turbulence, un courant d'air, à peine un souffle. Furtif. Quelques grains de poussières qui voltigent, qui dansent un instant en brillant dans le soleil, qui jouent avec votre regard amusé. Et qui retombent. Et que vous oubliez. Trois fois rien, l'été c'est le soleil, ce n'est pas le vent, on ne remarque pas l'absence de vent mais dieu ! que le vent d'été aide à supporter le soleil.

Être un plaisir anodin, donc. Pas plus qu'un bouquin de Delerm, qu'une chanson de Carla Bruni, qu'une "œuvre" de Ben. Ou qu'un vent d'été. Un verre de sirop de cassis sous le parasol, dans le jardin du grand-père de Florent, quand j'étais petit. Un rafraichissement. Même tiède. Comme le vent d'été qui rafraîchit surtout quand il est chaud.

Être une nuisance, aussi. Décoiffer le bellâtre laqué et la bimbo permanentée. Mais une nuisance dont on rit. Le courant d'air qui soulève la jupe de Marilyn au dessus d'une bouche de métro. Un petit mal qui fait du bien, qui fait culpabiliser de l'aimer. Un éclair à la vanille, trente seconde dans la bouche, dix ans dans le cul. Un souffle estival qui met du sable dans les yeux, qui charrie des pollens, qui cochonne la carrosserie du camping-car immatriculé aux Pays-Bas.

Être plaisant mais dispensable, en deux mots. Un projet de vie qui en vaut bien d'autres, après tout.